Preuves de l’existence de Dieu & Essence divine de la Thora
Cette rubrique à pour but l’analyse de la rigueur des arguments employés par les Rav Sadin et Chaya lors de conférences sur ce qu’il s’est passé au Mont Sinai et les preuves que ces événements ont bien été d’origine divine. Nous verrons ou sont les failles, ce qu’il en est de l’infaillibilité des preuves et des conséquences pour l’homme de foi juif.
- Chapitre I: approches rabbiniques
- Chapitre II: l’approche scientifique
I. Dieu existe, nous l’avons vu. Les rabbins parlent
A) Discussion autour du nombre de témoins
Rav Chaya affirme : « On ne peut pas prouver une existence par une déduction; l’existence se constate par l’expérience. Ainsi, le peuple juif a constaté l’existence de D.ieu au mont Sinaï« .
Essai d’analyse de ses affirmations : les faits décrits par le ‘Houmache lors du don de la Thora constituent une série d’événements et de manifestations extra ordinaires, comme on en lit dans nulle autre histoire ou légende. L’expérience de la révélation divine vécue par un nombre remarquable de personnes, au même moment et au même endroit ne se retrouve dans aucune autre culture.
Reprenons les 3 premières affirmations développées par le conférencier:
1) 3 millions de personnes ont assisté à Matan Thora
2) le fait que ce nombre est incroyable est un « facteur déterminant de fiabilité de récit historique«
3) ce chiffre est la preuve que c’est bien D.ieu qui s’est manifesté au Mont Sinaï
3 millions de témoins en font un événement unique
De fait, si cet événement avait été vu par une seule personne, il n’aurait pas été crédible. Ce qui en fait quelque chose d’unique est 1) ce qu’il s’y est passé et 2) le nombre de témoins présents.
Le nombre ne prouve pas que l’analyse des faits est juste
Le fait que de nombreuses personnes aient vu en même temps quelque chose ne donne pas de garantie de justesse de l’analyse. On sait que quelque chose s’est passé, mais cela ne dit pas ni ne prouve de quoi il s’agit.
Est-il possible de duper 3 millions de personnes?
Dans son article, Rav Nechemia Coopersmith pose la question: « la révélation au Sinaï aurait-elle pu être une brillante supercherie? Est-il possible d’avoir dupé des millions de personnes en même temps, leur faisant croire que D.ieu leur a parlé »?
La preuve par la durée?
S’il s’agit d’une supercherie, comment expliquer qu’elle dure depuis si longtemps. Comment tant de personnes auraient-elles pu se fourvoyer, puis ensuite transmettre cette erreur à travers les générations. Le fait que la Thora a passé l’épreuve de la transmission interpelle. Mais elle est loin d’être la seule. Le bouddhisme aussi regorge de détails, de rituels et de récits historiques, et ce, depuis bien plus longtemps que la Thora. Dans toutes les religions, des miracles ont été vus par de tres nombreuses personnes, meme si bien sur, jamais le nombre de 3M n’a été atteint.
Pourquoi aucune autre culture ne parle de Mathan Thora
Nous n’avons aucune trace de ce qu’il s’est passé et du nombre de témoins en dehors des écrits des rouleaux de la Thora. Aucune autre culture n’en relate les faits, aucune autre source confirme le nombre de personnes présentes. Pas de fresques ni de légendes, même approximatives, de cet événement exceptionnel (il est est de même pour la traversée de la mer rouge qu’aucune autre source ne relate).
Le fait que cette histoire a traversé les ages atteste de son authenticité
La question qui est posée ici est le fait qu’une histoire ait été transmise est-elle la preuve qu’elle est vraie? Rav Nechemia Coopersmith imagine un exemple pour rendre plus plausible la thèse de la véracité de la révélation et dit: « Imaginons que l’Amérique du Nord ait été engloutie il y a des centaines d’années, vous en auriez entendu parler! Un événement aussi unique et exceptionnel (…) aurait sûrement été entendu, discuté et transmis, comme tout le reste de l’histoire. Le fait que personne n’en ait entendu parler jusqu’à maintenant, vous montre bien que ce n’est pas vrai, et rend ce fait inacceptable. »
C’ert un cas typique d’exemple qui démontre l’inverse de ce que l’on a voulu prouvé. Rav Nechemia Coopersmith, au lieu d’accréditer la thèse de la révélation, la plombe véritablement. Déroulons la preuve du rav par un kal va’homer:
Les faits
1) Mathan Thora n’a été vu que par les hébreux dans un lieu retranché de toute habitation. La révélation a eu lieu dans un lieu exclu de toute part. Seuls les hébreux étaient présents. Il n’existe qu’une source unique, la Thora, qui relate le fait exceptionnel de la révélation
2) aucune autre culture n’a raconté cet événement, ni de façon claire ni par allusion, ni au travers de légendes.
Affirmation du Rav
- plus un fait est extra ordinaire plus on en entend parler (Exemple : si un continent s’effondrait la terre entière en entendrait parler, ce qui en confirme l’authenticité)
- Mathan Thora est un événement extra ordinaire
- donc Mathan Thora est un fait qui a existé
Vous connaissez le raisonnement absurde suivant (syllogisme)
- Tout ce qui est rare est cher
- Un cheval bon marché est rare
- Donc un cheval bon marché est cher
L’affirmation du rav est fausse : personne en dehors des hébreux n’a entendu parler du don de la Thora, aucune culture ni légendes n’en parlent.
Question: si l’affirmation du rav est fausse, cela veut-il dire que le récit est faux?
Réponse : non, cela veut dire qu’il faut réfléchir avec d’autres personnes et qu’il est dangereux de jouer à faire semblant d’être rigoureux quand on ne l’est pas.
Il est toujours très risqué de mélanger la foi et la science
On peut croire que Dieu a donné la Thora sur le Mont Sinai, on ne peut pas le prouver. Il n’y a pas la plus petite preuve que Mathan Thora a eu lieu et que c’est bien Dieu qui s’est manifesté lors des événements.
Le don de la Thora est un acte de foi et une conviction… pas un fait avéré.
Le Rav Nechemia Coopersmith se prend les pattes dans sa propre démonstration. Pire, il prouve le contraire de ce qu’il avance au début. Son affirmation A aboutit à une Affirmation B qui démontre le contraire de A. SI le fait qu’un evenement est raconté par de nombreuses personnes à tavers le monde est une preuve que ce récit est vrai, le fait qu’un récit ne soit raconté par une seule source démontrerait alors qu’il est faux. Ainsi, d’après cette démonstration, le fait que personne d’autre que les hébreux n’ont raconté Mathan Thora démontre… que l’événement ne s’est pas déroulé!
Mathan Thora, le fait le plus extraordinaire qui soit n’est rapporté que par la Thora. Certes de nombreux commentateurs ont écrit sur la fête de Chavouot, mais ils ne l’ont fait qu’à partir d’un seul livre qui lui-même n’a été écrit que par une seule personne (Moshé Rabenou).
3 milions de témoins et un seul témoignage
S’il y a eu véritablement 3M de personnes qui ont assisté à l’événement, il aurait du y avoir plus d’une source (la Thora) qui parle de l’événement. En effet, on peut imaginer qu’un grand nombre de ces 3 M de témoins se soit senti porteur de quelque chose de fondamental, qu’il se soit fait un point d’honneur à coucher par écrit ce qu’il a vu, ressenti et entendu, sinon pour lui, au moins pour la postérité.
De même, on peut s’attendre à ce que leurs témoignages aient été emportés vers d’autres pays, même sous une forme modifiée via la peinture ou les légendes. On se serait donc attendu à bien plus de témoignages que le seul rouleau de la Thora.
Le nombre rend il la chose authentique?
Dire que plusieurs personnes ont assisté à un événement n’en fait pas un événement vrai. Il faut prouver qu’elles y ont vraiment assisté. Le fait d’affirmer « j’ai fait l’expérience au mont Sinaï d’un événement extra ordinaire » ne me permet pas de certifier « ce que j’ai vu, c’est Dieu ». Rav Chaya affirme que c’est cela « expérimenter Dieu ». Non, cela, c’est expérimenter quelque chose, mais quelque chose que je ne peux pas définir. Reste à savoir quoi.
B) Mais que s’est-il passé au Mont Sinaï?
On vient de voir qu’il n’y a pas de preuves formelles que 3M de personnes aient été réunie au Mont Sinaï. De même qu’il n’y a pas de preuve que Dieu a parlé à ces 3M de personnes. Du coup, une autre question se pose : si un evénement extra ordinaire s’est bien produit là-bas, mais que ce n’était pas une manifestation divine, que s’est-il donc passé?
Revenons à ce que dit Rav Sadin : « l’existence ne se déduit pas : elle se constate! Et c’est bien l’existence de Dieu que nous, nous avons constaté avec la révélation du Sinaï, ».
Nous n’avons pas de preuves matérielles
Pas de photos, films, peintures d’époques, même non datées, etc., que l’événement a bien eu lieu. Ce que nous avons, ce sont des rouleaux qui se sont transmis d’une génération à une autre. Mais l’ancienneté de la transmission n’est pas une preuve de son origine divine.
En effet, la Thora n’est pas le seul texte avoir été transmis au cours des millénaires, ce qui n’en fait pas un fait unique. (La Thora a été donnée en l’an 1312 avant l’ère commune, le 6 sivan de l’an 2448. Les textes sacrés hindouistes, les Védas, sont encore plus anciens que la Thora et remontent au 16 ème siècle avant JC).
S’agissait-il de D.ieu?
Partons du principe que l’événement a réellement eu lieu, la question qui se pose maintenant est s’agissait-il bien la manifestation de D.ieu. Mais alors, quel nom donner à ce qui a été vu pas 3 M de personnes? De nombreux chercheurs et philosophes se sont posé la questions, je ne développerai pas ici puisque l’objet de cet article est de démonter le manque de rigueur des conférenciers sur internet.
On voit donc que parler du nombre de personnes présentes à Har Sinaï ne démontre en rien ce qu’il s’y est déroulé, pas plus de l’intervention ou de l’existence de D.ieu.
C) Puis je choisir de croire même sans preuve?
On peut certes croire en la révélation. Il s’agit ici de foi. Mais on n’a pas démontré qu’elle a bien existé. Cette tentative d’utiliser la science, surtout quand cela est mal fait, est même risqué et trouble le croyant (reste à savoir s’il faut à tout prix le ménager, mais c’es tune autre histoire).
Il est finalement très dangereux pour un homme de foi de surfer sur des preuves à trouver, puisqu’il n’y en a pas!
Si nous partons du principe que quelque chose d’inouï s’est véritablement déroulé au Mont Sinaï, nous ne savons pas pour autant si c’est bien Dieu qui s’y est révélé. Bien sur, on peut s’indigner et rétorquer: « mais alors si ce n’est pas Dieu, alors c’est quoi? ».
Impossibilité de nommer ce qu’il s’est passé
Lorsqu’un scud part de Gaza et explose en Israël, je sais repérer la source du tir ainsi que sa cible. Au mont Sinaï, je peux nommer la cible, les hébreux, mais la source ne peut être définie, ne serait-ce que parce que jamais rien de semblable ne s’était produit auparavant.
Nous avons donc un événement extra ordinaire, observé par un nombre énorme de personne, au même moment (ce qui en fait un fait encore plus incroyable et encore plus rare), mais dont on ne peut nommer ni désigner la source. Cette impossibilité à nommer et expliquer ce qu’il s’est passé, permet-elle de conclure: c’est Dieu que nous avons vu au mont Sinaï?
Rav Sadin dit: « Nous avons donc, avec la révélation du Sinaï, constaté l’existence de Dieu« .
Non, lors de Matan Thora, nous avons constaté un événement appelé « révélation », mais non « l’existence de Dieu ». Ce que les hébreux ont expérimenté au mont Sinaï, c’est un événement extra ordinaire, nommé, par interprétation des faits, « Dieu ».
C) Hallucinations et stupéfiants
Puisque nous avons à coeur dans cette rubrique d’apporter différentes sources, de toutes sortes, relevons l’idée originale du Pr Benny Shanon pour qui Moshé Rabénou était peut-être sous l’emprise de psychotropes, utilisation qui « faisait partie intégrante des rites religieux des Israélites évoqués par le livre de l’Exode ».
Selon lui, »les israélites auraient pu utiliser des breuvages concoctés avec l’écorce de l’acacia et qui ont des effets psychédéliques ». Idée intéressante puisqu’il est écrit au sujet de Matan Thora: « le peuple vit des sons », ce qui est un phénomène classique du à la prise de stupéfiants.
Le Pr Sharon, dans un humour très juif, conclue: « Toutefois, Moshé, si on admet son existence, reste un personnage exceptionnel: toute personne qui consomme des plantes hallucinogènes n’est pas capable de vous ramener la Torah, pour cela vous devez être Moïse« . Il semble tout de même peu probable que l’effet de substance chimique ait pu générer l’histoire de tout un peuple! Peu probable mais possible?
D) Juif dans nos gènes?
« L’expérience de la révélation est inscrite dans nos gènes », c’est ce qu’affirma Rav Sadam.
Or donc, une nouvelle espèce est née. Ce Rav est -il en train d’affirmer qu’il y a l’homme juif avec un certain nombre ou type de gènes, et l’homme non juif dont le patrimoine génétique diffère ? Que penser alors des juifs qui s’assimilent, serait-ce du à ce même gène, défectueux dans ce cas ? Et que se passe- t- il dans le cas du converti : son ADN de naissance subirait-il lors du processus de conversion, une modification génétique ?
Est-ce que l’idée derrière cela est de dire que la croyance en Dieu est très forte chez les juifs, et que bien sur, il ne s’agit pas de gènes à proprement parler ?
- Si oui, il tout à fait urgent de ne pas laisser de doute, ne serait-ce que pour ne pas prêter le flan à nos nombreux détracteurs et ne pas laisser la rigueur de l’analyse aux seuls scientifiques.
- Si non, l’heure est grave.
E) Les juifs n’ont pas de problème avec l’existence de Dieu
S’agit-il ici du résultat d’une recherche rigoureuse, ou de ce que l’on nomme « une croyance »? Une croyance est une affirmation que l’on tient pour vraie, mais qui ne repose ni sur une observation, ni sur des faits. Le propre de la croyance est de rencontrer d’autres croyances souvent opposées, contrairement aux faits qui eux, ne peuvent pas être contredits (en tous les cas qui partent d’un événement observé et que l’on a tenté de démontrer, et non imaginé).
Exemple
Les faits : j’ai donné la Tsédaka à telle koupa. Le lendemain j’ai gagné au loto.
La croyance : c’est parce que j’ai donné la Tsédaka à cette koupa que j’ai gagné au loto.
Il subsiste une question : ces deux faits ont-il un lien de cause à effet ?
Réponse: il est impossible de le démontrer.
Se baser sur des faits c’est risquer construire une société juste, se baser sur des croyances c’est risquer de fonder une nouvelle religion.
Dire que le peuple juif n’a pas de problème avec l’existence de Dieu, c’est dire que la plupart des juifs croient en D.ieu ou/et dans le D.ieu décrit par la Thora. C’est une affirmation fausse et non démontrée. Croire cela, démontre une connexion relativement faible avec le monde juif non croyant. Or, le rav dit que si un juif qui se dit non croyant, cherche à appliquer une mitsva, c’est donc qu’il est en quelque sorte un croyant qui s’ignore, et qu’il est, de facto, attaché à D.ieu.
Dire cela est une interprétation des intentions de cette personne, ce n’est pas un fait, cela pourrait même être une croyance. Dire « je crois que quand un juif cherche à comprendre chabbat, cela prouve qu’il est attaché à Dieu » est peut-être vrai, mais reste une interprétation et ne le démontre en rien.
II. Approche des scientifiques
Vidéo à découvrir sur les Frères Bogdanov et la Preuve de l’existence de Dieu
Ce qu’en disent les enfants 🙂
Article à compléter. N’hésitez pas à nous écrire.