Rôle du médecin – La mitsva don d’organes

Qui fait appel à un médecin?

Toute personne qui a besoin de soins, physiquement ou psychologiquement. C’est souvent le médecin généraliste que l’on va voir ne premier et qui va recommander un spécialiste ou un thérapeute selon les cas.

Dans le serment d’Hippocrate, le médecin s’engage ainsi: « … dans toute la mesure de mes forces et de mes connaissances, je conseillerai aux malades le régime de vie capable de les soulager et j’écarterai d’eux tout ce qui peut leur être contraire ou nuisible… Mon premier souci sera de rétablir, de préserver ou de promouvoir la santé dans tous ses éléments, physiques et mentaux, individuels et sociaux ».

NB: Le médecin a l’obligation du secret professionnel (tout comme les psychologues): « … Tout ce que je verrai ou entendrai autour de moi, dans l’exercice de mon art ou hors de mon ministère, et qui ne devra pas être divulgué, je le tairai et le considérerai comme un secret ».

Santé du corps, intimité et judaïsme

=> Pour le judaïsme, c’est une Mitsva de faire attention à son corps et de le maintenir en bonne santé. Il est obligatoire de faire appel au médecin quand cela est nécessaire.

=> La vie intime est considérée comme le fondement du couple. Les problèmes gynécologiques feront donc l’objet d’une consultation sans délai. Les infections et maladies de la zone génitale, les saignements et cycles menstruels anarchiques, le remplacement du stérilet à temps sont à prendre très au sérieux. Le judaïsme considère que c’est la responsabilité du couple, mais surtout de la femme de faire en sorte que la vie intime puisse reprendre le plus rapidement possible.

Les problèmes d’ordre purement sexuel sont également à considérer avec le plus grand sérieux du point de vue psychologique et médical. Les difficultés et les douleurs s’arrangent rarement tout seuls, il faut consulter. Lorsque la vie sexuelle cesse d’être satisfaisante, il est indispensable de ne plus attendre.

On consultera alors un médecin qui pourra évaluer si les difficultés sont dues à une mauvaise santé, ou si elles relèvent d’un problème purement physiologique. Il devrait pouvoir repérer si elles sont dues à des tensions dans le couple, ou encore si elles sont liées à l’histoire personnelle d’un des conjoints. Le thérapeute de couple et/ ou un psychologue devront alors être consultés.

Parmi les situations fréquentes, citons: les sécheresses vaginales, impossibilité de pénétration, les problèmes d’érection, vaginisme. Mais aussi le dégoût, la nymphomanie, l’assiduité de fréquentation des sites pornographique, l’abstinence, les orientations sexuelles, etc.

Questions de contraception

Différence d’opinions quant au nombre des grossesses

Si le judaïsme glorifie la famille nombreuse, montrant à quel point avoir des enfants est une réalisation de soi, en quoi la maternité est l’épanouissement du couple, et comment c’est là le but du projet divin, le nombre d’enfants à venir et le rapprochement des grossesses est aussi l’affaire du couple. Cependant, le rabin est interrogé souvent pour avoir son avis, et souvent, sa permission. Le médecin ne se place pas du tout sur ce registre là: son rôle est de donner des informations médicales, il n’est pas un sauveur d’âmes et ne propose pas de thérapie.

Chaque femme connaît ses capacités physiques et psychologiques. Elle seule connaît vraiment la fatigue de ses nuits blanches et des allaitements parfois difficiles. Elle seule sait évaluer l’intensité de sa frustration de ne pas avoir assez de temps pour elle, et des tensions qui pointent leur nez quand la vie sexuelle n’a pas assez sa place, faute d’énergie et de temps. La petite enfance est un moment merveilleux, il est aussi source de grands bouleversements pour les jeunes parents.

Le médecin : un précieux conseiller

La question du nombre de grossesses et du moment le plus approprié diffère d’une communauté à une autre. La base de réflexion de tous les rabbins est évidemment la Torah, mais leurs conclusions sont souvent divergentes. Si dans tous les cas, on admet que chaque système familial est particulier et que la santé de la femme est le premier critère de réflexion, on observe cependant de grandes différences d’une communautés à une autre.

Dans telle communauté, il est admis qu’une grossesse peut être envisagée à partir des 2 ans du dernier enfant, ce qui permet une différence d’environ 3 ans entre chaque enfant. Dans telle autre, on n’imagine pas un break de plus de 3 ou 6 mois. Dans celle-ci, on considère que la maternité est l’affaire exclusive du couple. Pour d’autres enfin, la vérité pourrait bien se situer à l’intersection de ces 3 avis: importance de la famille et du couple, réalisation de soi et révélation de son essence profonde d’une part, nécessité de de faire confiance au couple qui lui seul sait où il en est, et s’il est temps d’envisager une nouvelle grossesse, d’autre part.

Quoi qu’il en soit, le couple pourra prendre conseil tout à la fois du rabbin, du médecin, et du psychologue s’il en a le désir et se faire son opinion propre.

Les questions de stérilité

Nous l’avons vu plus haut, un des but le plus sacré de la création est d’élever des enfants. C’est pourquoi, il est légitime de consulter lorsqu’une grossesse tarde à venir. Le judaïsme étudie toutes les découvertes en matière de conception assistée; certaines cependant, dont le don anonyme du sperme par exemple, sont des sujets particulièrement délicats.

Les progrès de la science sont tels, que nous préféreront renvoyer nos internautes vers des organismes comme l’institut Poua de Jérusalem, ou vers des rabbins compétents.

Le don d’organe : une obligation juive?

Les donneurs d’organes représentent 34% des décès en Espagne, 28% en Belgique, 27 % au USA, 25% en France, 15 % au Canada. Israël est au plus bas des pays occidentaux des donneurs/receveurs malgré une augmentation très significative. Cela permettra de lutter contre le trafic d’organes israéliens dont parlent les journalistes européens, ce qui fait de la diffusion de la mitsva du don d’organe une double obligation juive.

Le don d’organe, 1 des mitsvot les plus nobles

La vie humaine est primordiale, et tout ce qui peut la sauver ne rencontre pas d’opposition de principe. Celui qui sauve une vie sauve un monde » (Michna, Sanhédrin 4:5).

La raison morale qui encourage au don d’organe est d’une grande évidence. Emmanuel Hirsch et Eytan Ellenberg, dans leur article « Dimension morale du don » écrivent: le devoir supérieur de tout mettre en œuvre pour porter assistance à toute personne en danger de mort est une notion de Piqqouah néfeche. (..) Nous avons le « devoir de non-indifférence ou de non-abandon« .

Le don d’organes n’est pas limité aux morts et le don d’un rein par une personne en bonne santé et vivante par exemple est aussi autorisé.

Pour le judaïsme, l’application de cette mitsva rencontre de nombreuses interdictions hala’hiques. Les différentes rabanout n’ont pas encore réussi tout à fait à résoudre, bien que la décision rabbinique en Israël ait changé depuis 2008. « Le don d’organes est permis dans le cas où l’on a besoin d’un organe pour une greffe spécifique et immédiate« .

Comment donner ses organes

En France

l’autorisation est automatique par consentement présumé qui fait de nous des donneurs potentiels par solidarité nationale. Si vous ne voulez pas être prélevé, il est nécessaire de le demander et de s’inscrire sur le registre national des refus de don d’organes.

Le grand rabbin de Paris Michel Gugenheim déclarait en janvier 2017 que « Étant donné les nombreux problèmes halakhiques que pose le prélèvement d’organes, il convient de s’inscrire sur le fichier national du refus ». La tendance ultra orthodoxe du grand rabbin le place dans les (10% environ) qui ne reconnaissent pas l’autorité morale du Conseil central du rabbinat et tranchent différemment. Le GR considère que le débat dans le judaïsme pour savoir comment définir l’état de mort cérébrale continue, malgré la décision claire du Conseil central du rabbinat israélien.

En Israël

adi.gov.ilIl est recommandé d’être porteur d’une carte de donneur d’organes pour éviter tout problème légal ou halakhique, d’autant plus qu’il y a une terrible pénurie d’organes. Le site israélien du don d’organe EDI permet en 30 secondes de donner l’autorisation de prélèvement: une carte vous est ensuite envoyée que vous devrez porter sur vous.
Tel: 1 800 609 610

Comment prélève- t- on un organe

Don d'organe et judaisme

Chez les donneurs vivants

On peut donner le sang du cordon ombilical, la moelle osseuse, le foie, un rein et chez les donneurs décédés en état de mort cérébrale confirmée: le cœur, les poumons, le foie, les reins, le pancréas, l’intestin, les os, les tissus. (cf: teledon.be)

La plupart des organes peuvent être prélevés une fois le coeur arrêté. Mais pour les poumons, le foie et les reins par exemple, il doit être en train de battre au moment du prélèvement.

Procédure pour les prélèvements

  1. Les étapes de la transplantation sont parfaitement définies. Elles commencent dès que le donneur est en état de mort cérébrale (il n’y a plus d’irrigation et d’activité au niveau du cerveau). Ce sont 3 médecins indépendants qui la constateront avant d’autoriser le prélèvement.
  2. La compatibilité avec le receveur est établie par le groupe sanguin et la compatibilité entre avec les gênes du donneur, son poids, sa taille et sa masse corporelle.
  3. Les organes sont ensuite acheminés dans des glacières hermétiques ne dépassant pas 4°C et prennent immédiatement le chemin de l’hôpital où les attendent son receveur et l’équipe spécialisée.

Conditions obligatoires

Le prélèvement est autorisé:

  1. lorsque l’on est sûr que l’organe sera effectivement employé pour sauver des vies
  2. si le défunt a expressément signifié son consentement de son vivant
  3. si la justice le demande
  4. quand cela va permettre d’effectuer des recherches de maladies héréditaires au bénéfice des poches parents
  5. si le diagnostique de mort cérébrale est effectué par 3 médecins indépendants des équipes de prélèvement et de transplantation.

Moment où il va être transplanté

La tradition juive jusqu’en 2008

Jusqu’en 2008 en Israël, un organe ne pouvait être prélevé que sur une personne est déclarée morte selon la loi juive. Celle ci stipulait que « la plupart des organes doivent être prélevés alors que le cœur bat encore et donc que la personne est toujours vivante. Le moment de la mort étant jusque là défini comme celui où le cœur s’arrête. (fr.chabad.org).

Modification de la Hala’ha

Depuis 2008, le Conseil central du rabbinat, qui comprend quinze rabbins d’Israël fonctionnaires de l’État, a entériné la loi adoptée en 2008 par la Knesset reconnaissant la mort par arrêt de l’activité cérébrale. Le décès n’est plus exclusivement constaté lorsque le cœur cesse de battre mais aussi lors de l’arrêt des activités cérébrales. La mort cérébrale invoquée par le corps médicale et qui l’était donc pas au regard de la majorité des décisionnaires de la loi juive devient suffisante.

Le site massorti.com explique parfaitement ce changement: dans les années 1960 les premières transplantations de cœur se soldaient pas la mort des personnes dans les heures et jours qui suivaient l’opération. Mais 20 ans plus tard, le médicament anti rejet Cyclosporin A permis une augmentation spectaculaire des taux de réussite.

Le respect du corps

Lorsque une personne est déclaré décédée, l’hôpital va prélever tous les organes qui peuvent être utilisés. Ceux qui ne le seront pas ne sont pas, semble-t- il, automatiquement retournés pour être enterrés. Ce qui entre en conflit avec l’obligation d’enterrer le corps dans son entier car la loi juive interdit la profanation d’un cadavre nivoul hameth. (Cela n’inclue pas, bien sur, les organes dont on a besoin et dont on sait qu’ils vont être utilisés pour sauver une vie).

Enterrement du corps entier

Bien que la Torah nous ordonne d’être enterrés entiers, ce commandement sera écarté devant celui, plus important, de sauver des vies. Il va se soit qu’il faudra tout faire pour que les organes dont la médecine n’aura pas utilisés devront être rendus à la famille, ce qui, selon les endroits, n’est pas toujours fait à temps ni possible.

L’organisation ZAKA qui se rend sur toutes les zones d’attentats et de cataclysmes pour rassembler les parties de corps des personnes, témoigne à quel point enterrer un corps le plus complet possible est important pour le judaïsme.

Consultation d’une autorité rabbinique

En Israël, un rabbin est systématiquement consulté semble-t-il pour s’assurer de ce qu’il advient du corps et du respect du corps après prélèvement des organes, principales sources de problèmes hala’hiques du don d’organe.

Un article de Malka Barneron © copyright 2005-2020
Pour consulter ou témoigner sur ce sujet

Vérification que vous n'êtes pas un robot : cochez les sommes égales à quinze