Pourquoi les hommes consultent moins

Messieurs, consultez un professionnel avant qu’elles partent. Accompagnez vos femmes quand elles veulent consulter, aidez-les à aider la transformation de votre couple. Soutenez leur investissement dans votre couple. Essayez. 80 % des hommes qui divorcent le regrettent dans l’année. Pas les femmes… Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles les couples divorces. Nous allons analyser dans cette rubrique ce qui empêche les couples de se reconstruire et comment, consulter une personne dont ce n’est pas le domaine de compétence peut précipiter la fin du couple.

Si j’avais su…

L’amour rend aveugle

Le mariage lui rend la vue

On dit dans un air de défi que l’amour rend aveugle mais que je mariage nous rend la vue. C’est vrai: seule la confrontation au quotidien avec un autre que nous-même, et qui vient d’une autre planète comme on le sait, nous donne l’occasion de devenir meilleure. On ne voyait rien, et soudain on voit tout : nos incomplétudes, nos petites et grandes mesquineries, notre incapacité à communiquer… tout, vous dis-je!

Et quand on voit bien à nouveau, on divorce

Ha! Le mariage! Il n’y a pas pire qu’un conjoint pour appuyer là ou notre petit égo est le plus sensible. Alors, entre subir des reproches et quitter l’empêcheur de tourner en rond, il n’y a pas photo: un couple sur 3 divorce en France. Et les communautés religieuses ne sont pas loin derrière, avec juste quelques années de retard.

Si l’on m’avait parlé clairement

Divorces dans la communauté juiveSi j’avais consulté

Vous êtes de plus en plus nombreux à le dire: « J’aurai pu éviter cela si seulement… j’avais consulté avant« . Ce cri du cœur, bien des couples l’expriment en séance de conseil conjugal.

Si ceux qui savaient avaient eu plus de courage

Nombreux sont ceux qui se demandent pourquoi on ne leur a pas expliqué avec précision ce qu’ils risquaient en ne prenant pas leurs difficultés à bras le corps. Et tous se sentent trahis que leur amis, leurs proches, leur machpia’h, leur rabbin, leur psy, ne leur aient pas dit à quel point la situation était grave.

Pourquoi? Par peur d’en faire trop, ou parce qu’existe cette croyance qu’on ne doit pas dire des paroles négatives de peur d’attirer le ein hara, ou parce cela constituerait un manque de émounah… quel rapport?!

Abandonnés à leur sort, sans secours

Beaucoup de couples auraient voulu entendre des paroles vraies, des paroles qui parlent de rater le coche, de rentrer dans le mur, mais aussi de solution possible. Ils auraient aimé qu’on les aident à prendre conscience, dans un sursaut salvateur, que c’était la dernière ligne droite. Que s’ils ne modifiaient pas au plus vite leur comportement, c’était la rupture. De mes entretiens en conseil conjugal, j’ai retenu quelques recommandations que j’aimerais partager avec vous, chers époux…

Les hommes, plus que les femmes?

Féministe, moi?! Non! Pas seulement 🙂 Je ne peux que constater cette vérité, et tous mes confrères psychologues et thérapeutes le confirment : les hommes ne consultent pas. Et quand ils le font, c’est traînés de force par une compagne désespérée, ou parce que la rabanout exige qu’ils voient une conseillère conjugale avant le guet.

1. Terminez vos séances de coaching

Allez jusqu’au bout, persistez, tenez bon

Les hommes consultent peu les professionnels de la santé en général, et ceux de la santé psychologique en particulier. Et quand ils le font, la rapidité avec laquelle ils arrêtent une thérapie de couple est égale à la résistance qu’ils mettent à venir consulter.

80% de femmes consultent en conseil conjugal ou en psychothérapie, contre 20% des hommes. De même, les demandes de divorce sont majoritairement faites par les femmes. Ceci est vrai dans le civil comme au rabinat. De là à dire que si les maris consultaient plus, il y aurait moins de divorces, il n’y a qu’un pas et je le franchis immédiatement.

Les hommes consultent moins

Ha! Les émotions!

Les hommes n’ont pas l’habitude de parler de ce qu’ils pensent de leur relation de couple, ni de leurs émotions. Mais ils savent parler de ce qu’ils savent faire. Quand on demande à un homme ce qu’il ressent quand sa femme lui reproche de ne pas être assez « proche d’elle », il répond: « mais c’est faux, je l’emmène au restaurant toutes les semaines »!

La gent masculine peine à être en contact avec ses émotions.
Et celles de leurs femmes les agacent.

Quid de l’utilité de consulter

Ceci nous permet de comprendre pourquoi les hommes ne comprennent pas quel est le but de consulter et de quelle façon un étranger, fut-il un professionnel de la relation de couple, pourrait les aider. Quand ils le comprennent, ils arrêtent vite, parce qu’ils n’ont pas assimilé une autre réalité: modifier un comportement et aimer mieux, cela prend du temps.

Difficulté à tenir bon

De même, quand ils se laissent convaincre de consulter, les hommes viennent en séance une ou deux fois, puis cessent de venir. Lorsque les progrès ne sont pas assez rapides, lorsque qu’ils doutent ou ne comprennent pas les techniques proposées par le thérapeute. Lorsque cela les ennuie. Que la dépense occasionnée ne « rentre » pas dans le budget, les hommes sont nombreux à arrêter la thérapie.

Le problème, c’est que vos femmes messieurs, quand elles découvrent le plaisir de parler et d’être écoutées, lorsqu’elles ont pris goût au travail de la relation de couple, et quand elles continuent, sans vous, ce n’est pas sans poser de sérieux problèmes. Voici lesquels:

Elle consulte mais pas vous? C’est risqué

Prendre goût à la thérapie et perdre patience

Si votre femme est seule à faire des efforts, elle va vous distancer. Il se pourrait bien qu’à force de conduire seule sa thérapie, sans vous à ses cotés, votre femme trouve agréable de se manager. Il se pourrait bien qu’elle trouve la vie plus belle sans vous… Vous n’y croyez pas? Wait and see…

Allez mieux : quel bonheur!

Quand l’un des partenaires du couple comprend le bénéfice qu’il y a à se connaître, à mieux communiquer, à savoir s’exprimer, bien écouter, comprendre le fonctionnement du couple et des êtres humains, il ne peut tout simplement plus porter à bout de bras une relation médiocre.

C’est souvent la femme qui comprend l’urgence d’améliorer la relation de couple et son comportement. Très vite, il va devenir vital pour elle de changer. Plus seulement pour votre couple, mais pour elle-même, pour son propre équilibre.

Malheureusement, force est de constater que très souvent, vous cessez de venir en consultation. Vos femmes elles, poursuivent, ayant compris ce qu’elles en tireront. Le travail thérapeutique leur apportera plus de clairvoyance et de sérénité dans leur vie personnelle, avec les enfants, dans leur vie professionnelle… et dans leur futur couple si vous deviez vous séparer.

Tout le monde n’a pas cette exigence

Vous allez me dire, « mais non, il y a des hommes qui ne bougent pas, et leurs femmes restent avec eux« : ces hommes-là n’ont pas plus de 40 ans, et leurs femmes ne sont pas encore parties. Elles attendent que les enfants s’en aillent, pour partir aussi. Elles feront le bilan de ce qu’elles auront gagné à s’occuper d’un homme qui ne fait pas les efforts demandés et nécessaires.

Mais elles ne vous le disent pas. En fait, elles ne vous le disent plus, car il y a longtemps que vous n’écoutez plus. C’est ce que dit la Guemara: « si ce n’est pour être aimée, les femmes ne se marieraient pas, elles n’ont pas besoin des hommes pour vivre« . A contrario, il est dit des hommes, que sans femmes, ils ne peuvent trouver de bonheur véritable, et leur vision du monde est si incomplète qu’il ne peuvent être Rabbin!!

2. Soutenez là, elle est votre meilleur ami

Ne comptez plus les points

Et de ne donner que si elle a fait sa part, de la regarder à la loupe. Observez combien toute la vie d’une femme est remplie, de jour comme de nuit, combien elle donne et à combien de personnes différentes les unes des autres, combien elle doit s’adapter et combien elle doit aimer.

Vous, Messieurs, soyez leurs obligés, donnez-leur un peu de votre temps, aidez-les dans leurs taches ménagères, ne craignez pas d’y perdre votre énergie ni votre temps, ne vous trompez pas de champs de bataille: c’est dans votre foyer qu’il vous faut être un héros, pas avec les copains, pas au boulot, pas seulement à la yéchiva ou à la synagogue… car vous êtes le seul homme qui peut remplir ce rôle, celui de sa vie: ne risquez pas qu’un autre que vous, ait envie de prendre votre place pour l’aimer, la chérir, prendre soin d’elle.

Faites-vous confiance

Écoutez votre intuition, écoutez-vous: vous seul savez ce dont vous avez besoin vraiment, vous seul savez si c’est le moment de passer du temps ensemble à vous promener. Si c’est le bon moment pour votre couple d’avoir un autre enfant, de cesser de travailler pour étudier à nouveau, si vous devez travailler plus pour lui offrir une femme de ménage, si elle a besoin de traîner au lit le chabbat matin avec vous 😉

Cessez d’aller chercher ailleurs des solutions prêt-à-aimer comme on fait du prêt-à porter! Faites marcher votre intelligence, garder votre capacité d’analyse, votre esprit critique, faites-vous confiance! Si vous ne savez pas comment modifier votre comportement, faites-vous aider par un spécialise du couple.

Parlez lui de vos priorités, négociez

Si vous êtes de ceux qui ont pris l’habitude de vous taire, pour avoir la paix, alors votre femme ne sait plus qui vous êtes. Vous croyez avoir démissionné, ou plutôt, renoncé comme on entend souvent dans les cours pour homme (comprendre « fermez-la et vous aurez la paix », ou, pire, « ne répondez-pas c’est ça ce que Dieu veut ») en fait vous avez tué la relation.

Reprenez-vous et ne vous laissez pas impressionner par la peine et la panique que votre femme pourrait avoir que vous l’aimez moins ou plus, elle s’en remettra. Expliquez vos besoins sans peur et sans soumission, mais avec empathie et respect: cette fois-ci elle va vous écouter et vous comprendre.

3. Limiter l’influence de l’entourage

Votre famille? Elle est partie prenante dans votre histoire de couple, elle n’a pas assez de recule. Elle risque de vous envahir de désirs et de convictions qui ne sont pas vraiment les vôtres, qui parlent de leur histoire, pas de la votre.

Vos amis? Surtout ceux dont le couple va mal pourraient bien vous tirer, sans le vouloir bien sur, vers leur dynamique de séparation et vous faire regarder votre couple avec leurs lunettes à eux. Pour infos, dans 8 cas sur 10, lorsqu’un homme vient me consulter pour des difficultés de chalom bayit et que je lui demande si sa femme a dans son entourage une amie en procédure de séparation ou célibataire depuis longtemps, la réponse est oui.

Ce n’est pas l’amie qui sépare le couple, mais cela peut avoir une petite influence, et le couple en souffrance n’as pas besoin de cela… L’herbe de votre gazon est toujours moins verte et moins belle avec leurs lunettes.

Votre Rabbin?

A moins qu’il ait fait une psychothérapie et/ ou qu’il ait étudié les mystères de la relation de couple de la psychologie masculine et féminine, à moins d’être supervisé, votre Rabin n’a aucune idée claire de l’art d’aider un couple à modifier son comportement en profondeur. Il a étudié la Thora, l’abattage rituel, la cacherout, la façon de construire un mikvé, le ‘Houmache, etc., pas la psychologie humaine. Encore moins la façon dont il convient d’écouter pour aider les conjoints à trouver leur propre voie.

4. Cherchez de l’aide

Voici 3 histoires vécues témoignant de la gravité de ne pas consulter de professionnel

Anna et Stéphane sont mariés depuis 20 ans, depuis 10 ans ils se déchirent. Anna veut divorcer; elle téléphone et raconte: les rabbins m’ont dit de venir vous voir avant de me donner le guet. Franchement, donnez-moi vite un rendez-vous qu’on en finisse.

Je la reçois et lui demande si elle a déjà essayé de se faire aider, si elle a trouvé quelqu’un à qui parler de ce qu’elle vivait, de ses difficultés et de sa souffrance. Anna me répond que « oui, Oh oui » elle a essayé. Elle a vu le Rabbin B qui lui a dit de faire confiance à Dieu et continuer à avoir des enfants, que la bra’ha ne tarderai pas à venir.

Anna a 40 ans, 8 enfants et ne rêve que d’une chose, divorcer. Le Rabin B lui, vit tranquillement avec sa femme et ses enfants: les enfants d’Anna, ce n’est pas lui qui les élèvera. Stéphane non plus d’ailleurs, il a jeté sa kipa et vit maintenant à New York de petits jobs.

Dovi souffre de la colère de Susy. Très souvent, et pour des raisons que Dovi ne comprends pas. Susy n’en peut plus et menace de divorcer s’ils ne vont pas voir le Rav F. Le rav F fait rapidement la liste à Susy des qualités que doit développer une épouse pour recevoir l’amour de son époux et lui explique combien la colère détruit un couple.

Susy est d’accord, elle veut se corriger, elle se le répète toute la journée, mais le soir, elle est devenu une vraie cocotte minute, elle explose. Pendant 6 mois, elle s’entretiendra avec le Rav F lui expliquera inlassablement la gravité de cette mauvaise qualité et combien il est indispensable qu’elle cesse de se mettre en colère. Il dit ce qu’il faut faire, mais pas « comment ». Et pour cause, ce n’est pas sont domaine de compétence. Rien ne change et Susy finit par se demander si les cours de chalom bayit servent bien à quelque chose.

6 mois plus tard, Susy ne sait toujours pas contrôler sa colère: le Rav F ne lui a pas appris à utiliser ses ressources à elle pour enrayer le processus et apaiser ses émotions. Susy se sent nulle, frustrée et abandonnée.

Susy et Dovi prendrons rendez-vous à la rabanout pour divorcer l’année suivante.

Rivka consulte après son divorce parce qu’elle ne veut plus reproduire la même erreur avec David qu’elle s’apprête à épouser. Elle recherche un homme qui prenne la peine de l’écouter, sans la juger et avec bienveillance. Quelques séances plus tard, elle retrouve la source de toutes ces colères: quand son ex mari Simon n’était pas content après elle, il allait dormir dans la salle à manger et pouvait passer des mois, sans la toucher.

D’un dayan et de rabanim connus en Israël je tiens cette confirmation: en continuant à s’occuper de couples, alors qu’ils n’ont pas les connaissances requises, certains cadres religieux font un mal inouï à la communauté juive et à l’enseignement du judaïsme. Cessons ce jeu de massacre, et apprenons la modestie: déléguons! Envoyons nos ouailles consulter des spécialistes, il en existe suffisamment respectant l’éthique et la tradition juive.

Un article de Malka Barneron © copyright 2005-2020
Pour consulter ou témoigner sur ce sujet

Vérification que vous n'êtes pas un robot : cochez les sommes égales à quinze