Se parler dans le couple
1) Interdiction de parler
Essai de définition du Lachon Hara
La faute de la médisance, « lachone hara », concerne surtout des informations privées ou secrètes. Et de les révéler à une personne qui ne devrait pas en être informée, ou qui n’en tire aucun intérêt légitime (comme par exemple si elle doit s’associer avec quelqu’un dont on sait qu’il vole).
Ces informations sont, par ailleurs, divulguées sans l’autorisation de la personne dont on parle, et sans intention validée par la morale et le désir d’améliorer la situation donnée.
C’est ce qu’il se passe par exemple lorsqu’on se laisse aller à papoter, rapporter, colporter pour le simple plaisir, délectable je vous l’accorde, de parler des autres.
2) Obligation de parler
I. De se parler à soi-même
Par « se parler à soi même« , nous entendons le devoir d’introspection qui consiste à se connaître vraiment: personnalité, défauts et qualités. A ne pas confondre avec le principe de Hitbodédoute, recueillement, méditation, qui sont aussi des processus permettant de se connaitre.
Se parler, c’est passer du temps avec soi. Mais aussi parvenir à reconnaître les émotions que nous avons au fond de nous, pour les accueillir.
A ne pas confondre avec le principe de Hitbodédoute, recueillement, méditation, qui sont aussi des processus permettant de se connaitre.
Se parler, c’est passer du temps avec soi. Mais aussi parvenir à reconnaître les émotions que nous avons au fond de nous, pour les accueillir. C’est admettre leur existence, sans honte, sans peur et sans jugement, afin de prendre conscience de la place qu’elles occupent. (Reconnaître, ne voulant pas dire lâchées dans la nature et prendre le contrôle). Il s’agit en fait d’initier régulièrement un dialogue avec nous-même, comme on le ferait avec une personne que l’on respecte, que l’on apprécie et dont on voudrait le bien.
Concrètement, il s’agit d’oser, d’avoir le courage de regarder ce que nous avons dans les tripes et dans le cœur, quoi que ce soit, et aussi puissant que ce soit!
A. Reconnaître ce que nous avons en nous
Imaginez que vous êtes au milieu d’une grande salle, et le vent y entre de tous les cotés. Vous avez beau chercher, vous ne savez pas quelle porte fermer pour arrêter cela et vous protéger.
Plus encore, imaginez maintenant que vous ne savez pas où se trouvent les portes. Et que vous ne savez pas non plus quel est ce vent, ni d’où il vient. Vous conviendrez que vous n’avez alors aucune chance de sortir de la bourrasque.
Dans la vie, nos expériences, nos rencontres, nos blessures sont comme ces vents. Si nous ne savons pas ce qu’elles représentent, ce qu’elle nous font (tomber, nous envoler, etc.), si nous n’arrivons pas à les nommer parce que nous n’avons pas les mots pour cela, ou parce que nous ne les voyons pas, comment pourrions-nous les maîtriser?
B. Il y a des risques à nier ce que nous ressentons
- de ne plus savoir qui nous sommes
- de montrer aux autres quelqu’un que nous ne sommes pas et donc d’embrouiller les relations
- de nous perdre psychologiquement et physiquement (et bien sur spirituellement)
- de ne pas pouvoir guérir nos blessures
1) Ne pas se parler dans le couple : risque d’implosion
Ne pas parler est une vraie bombe à retardement; il est suicidaire de penser que nous avons une chance d’y échapper. Ce qui n’est pas reconnu et qui se trouve en nous est comme une cellule maligne qui se développe et envahit tout. Cela peut être aussi bien mental, affectif que physique, et dans ce cas, provoquer des maladies. (Ecouter et lire les paroles de la chanson « the sound of silence« : le son du silence).
2) Vivre dans l’illusion et le mensonge: risque de se perdre
Si nous ne nous connaissons pas, que savons-nous de nos vraies motivations, de nos intentions, de la valeur de ce que nous faisons et de ce que nous disons? Nous nous présentons peut-être bien sous un faux jour, puisque nous ne savons qui présenter! Nous nous faisons peut-être passer pour qui nous ne sommes pas, et, en quelque sorte, nous trahissons ceux qui vivent avec nous.
Exemple : si je déteste mon beau père mais que je fais croire à mon mari que j’aime le recevoir. Si de surcroît je prétends qu’il n’y a pas de problème à ce qu’il vienne sans prévenir, comment puis-je imaginer que mon mari devine que je ne veux pas le voir ! Plus encore, comment espérer qu’il cesse de l’inviter aussi souvent, ou, plus encore, qu’il lui explique que cela me dérange?
Ne pas parler à mon mari de mes limites revient à ne pas bien communiquer avec lui et travestir qui je suis vraiment et comment je fonctionne. Je ne suis pas la belle-fille rêvée, et alors!
3) Ne pas trouver le bon traitement aux bons maux: risque de maladie
Si je n’ose pas m’avouer que mes crampes dans le ventre et mes palpitations sont provoquées par ces visites que je ne souhaite pas, je risque fort de développer une maladie chronique. Aucune opération ou médicaments ne pourront vraiment me guérir, puisque ce n’est pas mon estomac qui ne fonctionne pas, mais ma façon de communiquer et de prendre soin de moi.
Pour que le traitement soit efficace, je dois savoir repérer « ce qui souffre » et « ce qui est malade » en moi.
3) Obligation de se parler dans le couple. Questions :
Parler de quoi
Raisons pour lesquelles nous ne nous parlons pas
Comment parler
Les risques de ne pas se parler
A. Peut-on parler de tout dans le couple
Oui, absolument de tout, avec toutefois 2 recommandations (et oui, quand-même).
– ne pas parler de la famille de son conjoint en mal, de façon compulsive
– ne pas parler des autres partenaires que l’on a eu dans le passé.
Il est particulièrement important de parler de l’intimité conjugale, souvent source de souffrance et de frustration, de ce que nous voulons changer dans notre vie personnelle, des valeurs qui nous sont chères, de nos limites et des règles qui gèrent la relation et le lien.
B. Nous ne parvenons pas à nous parler parce que :
- nous ne savons pas parler, nous n’avons pas appris à parler vrai
Ex: au lieu de dire « Je n’ai pas envie d’inviter les Levy cette année », nous disons. « Je suis trop fatiguée pour recevoir qui que ce soit ». - nous ne savons pas repérer nos émotions
ex: nous hurlons quand nous voudrions pleurer. Nous pleurons alors que nous sommes dans une rage folle. Nous nous agitons au lieu d’exprimer notre peur. - il nous manque le courage de nous montrer différents ou en opposition avec notre conjoint et ses valeurs.
- nous avons peur que notre conjoint s’éloigne de nous s’il savait qui nous sommes vraiment
- la crainte qu’il se rapproche trop, qu’il exige de l’intimité, de la proximité est immense
- nous avons peur qu’en disant notre ressenti, nous lui fassions mal et qu’il souffre
C. Y a-t-il une façon de parler pour être entendu
- oui, et pour commencer, être vrai, ne pas dire que l’on pense « A » alors que l’on est convaincu de « B »
- parler de ce que nous ressentons, de nos convictions, en restant centré sur nous-même
- ne pas être dans la critique, le reproche, encore moins l’humiliation ou la manipulation
- demander à l’autre ce qu’il a compris et si notre explication a été claire.
D. Quelles sont les conséquences de se taire trop longtemps
- notre conjoint ne nous connaît pas vraiment
- il peut craindre que nous sommes vide finalement
- il se perd dans nos mensonges et nos dissimulations et ne retrouve plus son chemin vers nous
- nous perdons le ‘houche (le désir) d’être ensemble, de donner, mais aussi de recevoir. Et nous finissons pas croire que nous pouvons nous en passer, ou que ce n’est plus une priorité pour nous.
- nous trahissons la promesse que nous nous étions fait de l’aimer mieux et plus, tout au long de notre relation.
- Jacques Salomé a dit: « En ne voulant pas lui faire de peine, je lui ai fait beaucoup de mal« . C’est vrai pour notre conjoint, mais c’est aussi vrai pour nous même.
4) Peut-on apprendre à se parler même à 50 ans et +?
Ha! Oui, et comment! Je propose des ateliers en France et en Israël tout l’année. Mais vous pouvez également apprendre seul en coaching, sur Skype ou par téléphone.
Ressources: excellente conférence du rav Micho Klein
5) Les risque de se taire : la violence du silence
Le silence est-il d’or ?
De très nombreuses personnes ont assimilé l’interdiction de médisance et de colportage à celle de l’interdiction… de parler! Si le silence est d’or dans de nombreuses cultures, il ne l’est pas dans toutes les situations, loin s’en faut. Ainsi, se parler et se dire les choses dans le couple éviterait la grande majorité des divorces.
Le « lachone hara » (littéralement « mauvaise langue »), est une des interdictions majeures qui régissent les relations entre les individus. La tradition juive rapporte combien elle est une faute grave et prend pour exemple la mort de dizaines de milliers d’élèves de Rabbi Akiva qui avaient l’habitude de dire du mal des uns et des autres. On raconte qu’ils furent décimés par décision divine en punition de la médisance.
The Sound Of Silence
Hello darkness, my old friend / Bonsoir ténèbres, mon vieil ami
I’ve come to talk with you again / Je suis venu discuter encore une fois avec toi
Because a vision softly creeping, / Car une vision s’insinuant doucement en moi
Left its seeds while I was sleeping / A semé ses graines durant mon sommeil
And the vision that was planted in my brain, still remains / Et la vision qui fut plantée dans mon cerveau, demeure encore
Within the sound of silence / A l’intérieur du son que produisait le silence
In restless dreams I walked alone / Dans mes rêves agités, je me vis arpenter seul
Narrow streets of cobblestone / Des rues étroites et pavées
Neath the halo of a street lamp. / Sous le halo d’un réverbère.
I turned my collar to the cold and damp / Je relevais mon col, il faisait froid et humidité
When my eyes were stabbed by the flash of a neon light, / Lorsque mes yeux furent éblouis par l’éclat de la lumière d’un néon
That split the night and touched the sound of silence / Qui déchira la nuit et atteignit le son du silence
And in the naked light I saw, / Et dans cette lumière pure je vis
Ten thousand people, maybe more… / Dix mille personnes, peut être plus…
People talking without speaking, / Des personnes qui discutaient sans parler,
People hearing without listening, / Des personnes qui entendaient sans écouter,
People writing songs that voices never share, / Des personnes qui écrivaient des chansons qu’aucune voix n’a jamais emprunté,
And no one dared disturb the sound of silence. / Et personne n’osa déranger le son du silence.
Fools, said I, you do not know, / Idiots, dis-je, vous ignorez,
Silence, like a cancer, grows / Que le silence grossit, tel un cancer
Hear my words that I might teach you, / Entendez mes paroles que je puisse vous apprendre,
Take my arms that I might reach you. / Prenez mes bras que je puisse vous atteindre
But my words, like silent raindrops fell. / Mais mes paroles tombèrent telles des gouttes de pluie silencieuses,
And echoed in the wells of silence / Et résonnèrent dans les puits du silence
And the people bowed and prayed / Et ces personnes s’inclinaient et priaient
To the neon god they made / Autour du Dieu de néon qu’ils avaient créé /
And the sign flashed out its warning, / Et le panneau étincela un avertissement.
In the words that it was forming / Les mots y formaient une phrase
And the sign said : « the words of the prophets / Et cette phrase disait : « les mots des prophètes
Are written on the subway walls / Sont écrits sur les murs des souterrains
And tenement halls, / Et des halls d’immeubles,
And whispered in the sounds of silence » / Et murmurés à travers les sons du silence »