L’union des corps est un plan divin

 Ohel Ra’hel chap 7 L’intimité conjugale : un principe essentiel dans la création

1) Une intime conviction que le couple a été crée « UN »

L’union sexuelle est le plus haut niveau de spiritualité

Le ‘Hatam Sofer rapporte: « le moyen par lequel s’unit le niveau le plus haut (des âmes) du couple est l’union sexuelle« .

Mâle et Femelle Il le créa

Cette configuration correspond à celle du premier couple, tel qu’il a été crée dès l’origine, avec ses deux composants, mâle et femme. Cette âme unique appartenait au premier être humain et réunissait les deux parties, mâle et femelle du couple.

Lorsque le couple ne fait plus qu’un, au moment donc de la Mitsva de Onah, Dieu déverse alors le « Bien » sur ces deux parties; c’est de cette façon que se réalisent l’union et l’amour véritable. Un mariage réussi dépend de la manière dont les époux ressentent les mêmes choses. Et au premier chef, leur conviction qu’au tout début, ils formaient un même et unique corps et une même et unique âme. Ensuite, ils doivent être convaincus que c’est Lui qui les a séparés, et qu’Il est celui, le seul, à pouvoir les réunir.

La notion de Mazal

On apprend des livres Saints que c’est D.ieu qui désigne telle femme pour tel mari et qui  »réunit les couples et les place dans leur foyer » (Téhilim 68, 7). C’est Lui qui a créé ‘Hava et Adam et qui, après les avoir séparés à la naissance, les réunit de nouveau lors du mariage et au moment de la Mitsva de Onah. Comme il est écrit: « Il s’attachera à sa femme, et ils formeront une seule chaire »  (Béréchit – 2:24) forme idéale du couple.

Nos Richonim vont encore plus loin: « Adam et Hava ont étés créés Un à l’origine, afin d’établir une unification unique entre l’homme et sa femme« . Ainsi, on comprend que le lien qui unit les deux époux est « plus fort que celui qui lie un enfant à ses parents », puisque les époux sont issus du même corps [celui que Adam et Hava formait avant qu’ils ne soient séarés par Dieu en 2 corps distincts]. (Rabbam, Gram, Michlé, Téchouvot Harachba, Raavad)

Similitude entre le but de cette Mitsva et celui de la nourriture

« … et ils deviendront une seule chaire ».

L’union fondamentale qui existe entre les 2 partenaires du mariage ne peut s’exprimer que par des actes physiques, de la même façon que les choses spirituelles ne descendent dans ce monde que par le moyen des Mitsvot. C’est ce que nous enseigne le verset : « il s’attachera à sa femme et ils deviendront une seule chaire« . Et ce qui permet cela n’est autre que la Mitsva de Onah, qui leur permet de devenir « Un » – (ha’ Amèk Davar Ber 2:24r)

Il faut préciser ce que signifie de « devenir Un »: non pas créer l’unité, mais « devenir Un », dans le sens transformation, réalisation. Car l’unité existe déjà. Ainsi que l’exprime le Maharal: « lorsqu’il y a fusion et unité entre l’homme et sa femme, alors l’âme – qui est Un – est en paix avec le corps » [qui lui aussi, à ce moment là est un]. (Béréchit 2:24)

1er parallèle avec la nourriture

Nos Sages relient la nourriture et le mariage dans différentes sources:

=> Au sujet de la relation entre Potiphar [la femme du Pharaon] et Yossef, le fils de Yaacov, il est écrit: « elle lui donna tout, sauf le pain qu’il allait manger ». Béréchit (39:6). Rachi explique ce que signifie tout : « sauf les relations maritales ». Sauf l’intimité sexuelle que Yossef refusa à Potiphar.

=> « Elle mange avec lui le vendredi soir ». (Kétouvot 65b): c’est la nourriture qui permet au corps de vivre, en maintenant l’unité entre ce leurs corps et leur âme.

=> « L’union sexuelle donne la vie au couple, du fait de la fusion de l’âme et des corps ». (Néfèche Ha’haïm Chaar 2:6). Ceci apporte le Chalom dans toutes les parties de leur vie.

Deuxième parallèle: fréquence des rapports et fréquence des repas

De même que la ration de nourriture doit être suffisante pour maintenir une santé satisfaisante, de même, l’homme et la femme doivent se retrouver un certain nombre de fois s’ils veulent garder un mariage sain et vigoureux. Chlomo Hamélè’h [le Roi Salomon] définit ce qu’est la juste place des relations sexuelles par cette métaphore: « Ne me donne ni pauvreté ni richesse, donne- moi la nourriture qui me convient« . (Michlé 30:9). Cette fréquence doit être « ce qu’il faut », c’est à dire « ce qui est bon pour moi, ce qui me convient ».

Une fréquence qui prend compte du désir de chacun des conjoints

Le Kéli Yaka répond à la question « selon quelle fréquence », quels sont les critères? Jusqu’à ce que l’on n’ait plus « envie de nourriture supplémentaire ». Jusqu’à ce les époux ne ressentent plus la faim, et soient rassasiés ».

Pour le Raavad (Baalé hanéfèche chaar Hakedoucha), la fréquence prescrite par nos Sages dépend:
1) du désir de la femme et de son apaisement
2) de la force et de la disponibilité de l’homme

Commentaire : il est intéressant de remarquer que le Raavad précise l’apaisement de la femme, et non celui de l’homme. Cela remet en cause les croyances que la sexualité est un besoin masculin avant tout. On oublie trop souvent que ce principe d’apaisement de la femme est au cœur de la kétouba, puisque nos Sages en ont fait une Mitsva pour le fiancé qui s’engage à donner l’intimité conjugale à sa future femme. La fréquence dépend donc de ce qui est nécessaire à la santé affective et psychologique du couple, et du besoin de la femme de ressentir l’amour que son mari a pour elle.

Existe – il une fréquence maximum

Si l’on part du principe que les Mitsvot doivent être accomplies dans leur temps, au bon moment, et quand il le faut, la raison souvent invoquée et ajoutée est « Soyez saints ». Ce « Soyez saints » signifie, dans certaines sources, comme dans le Rambam (Vayikra 19,12) qu’il ne faut pas « trop » de relations sexuelles. De même, le Chévèt hamoussar (24) demande pourquoi il n’en faut pas trop, et répond que « le but du mariage n’est pas la satisfaction de la pulsion sexuelle, mais l’unification des cœurs et d’amener des enfants dans le monde pour le service de D.ieu« .

Commentaire sur le but de la relation sexuelle

Il est évident que la relation sexuelle n’a pas pour but d’amener des enfants au monde, sinon il y aurait beaucoup à dire des couples stériles et l’on peut se demander s’ils devraient alors s’abstenir d’intimité conjugale, et, du coup, s’ils devraient se marier. Le Chévèt hamoussar est une des tendance du judaïsme, il en existe bien d’autres comme l’interdiction d’avoir une relation sexuelle « pour la mitsva ».

On trouve cette même opinion dans le Ora’h ‘Haïm (240): « De même que l’excès de nourriture nuit à la santé, de même l’excès de coït nuit au couple. Celui qui en rajoute, bien qu’étant satisfait, est comparable à celui qui continue de boire et de manger jusqu’à en vomir« .

Commentaires sur la problématique de parler de norme.

Ces explications-là ne sont pas sans poser de difficultés, car le fait même de parler d’une fréquence qui serait « trop grande », viendra probablement interférer dans le désir du couple qui nait souvent spontanément, si bien que la volonté d’établir une norme, une « fréquence correcte », (aspect mineur), prendra la place de la motivation et du but principaux (aspect majeur), qui est « d’encourager les couples à se retrouver » et à s’aimer comme il leur semble bon à eux.
Finalement, on fera extrêmement attention à ne pas enseigner cela à n’importe qui, et on le fera rapidement, sans s’y attarder. L’idée de la fréquence, comme celle de la façon de se comporter dans l’intimité, regarde avant tout le couple et n’est sujet ni à jugement ni à commentaires.

Troisième parallèle: comparaison entre désir et faim

Nécessité du désir: le manque de nourriture provoque la faim qui est un besoin physique et psychologie très fort de s’alimenter. Le désir de nourriture et le plaisir de manger sont nécessaires à la digestion et, partant de là, à la santé et à la survie. Nos Sages disent: « si le désir de nourriture n’existait pas, le corps ne serait pas capable d’absorber les aliments« .

Il en est de même pour la sexualité. Il existe entre mari et femme un désir qui est l’expression d’un besoin fort, physique et psychologique d’unité. Ce désir est indispensable à l’accomplissement de la Mitsva de Onah qui donc, par extension, ne peut se faire que si certains facteurs sont réunis.

Ainsi, le Rambam écrit qu’il faut qu’ils ressentent tous les deux du désir et de la joie. (Dé’ot 5:4 ). Le désir de la femme d’être unie à son mari est capital. Le Ben Ich ‘Haï confirme ainsi: « il n’est pas bon d’avoir des relations sexuelles sans désir« . (Thora Lichma)

Le désir féminin

La femme désire l’intimité avec son mari. Comme on le voit dans le ‘houmache Béréchit (3:16) quand Dieu informe Hava: « ton désir te portera vers ton mari« . Le désir féminin n’est rien moins que l’expression de son attente d' »être un » avec son mari. Et c’est cela qui alimente la vitalité du couple et son épanouissement. C’est en raison de ce désir fort que nos Sages ont établi la fréquence des rapports. Le Tour complète: « ce que les Sages ont institué », ils l’ont fait pour satisfaire le désir de la femme. (Ora’h ‘Haïm 240)

Si l’épouse ressent un besoin plus fréquent d’intimité que la moyenne, cela fait partie entièrement de la Mitsva de Onah. De même, si le besoin vient du mari. En effet, il doit se préserver de son Yetser Hara et des désirs interdits : son désir devra alors se concrétiser par l’union avec sa femme. A ce titre là, il s’agit bien d’un des buts du mariage, comme il est écrit « Nos femmes nous préservent des avérot » (Yébamot 63 b)

Commentaire sur la recommandation faite aux femme de préserver leurs maris de la faute.

On parle ici de masturbation ou d’aller voir ailleurs. Cette recommandation est bien plus que cela : elle rend les femmes responsables de la fidélité de leur mari et de les empêcher de se masturber. Il est évident qu’avec de telles pressions, de très nombreuses femmes se soumettent au désir du mari. En poussant plus loin, il ne serait pas étonnant qu’elles soient à l’affût de ce qu’ils font. Le simple fait d’étudier Yébamot 63b est risqué.

Je n’ai pas trouvé de façon acceptable de transmettre cette information. J’enseigne que certaines communautés font reposer le risque de la Avéra sur les épaules de la femme. Je ne l’enseigne pas comme une obligation de la femme et invite mes kalot à réfléchir par elles-mêmes.

Si bien que lorsque son désir d’union augmente, le simple fait de le réaliser avec sa femme lui aura permis de sublimer ses pulsions. En d’autres termes, l’homme doit s’exercer à sublimer son désir et à faire en sorte de l’accompagner du désir de nourrir la relation de couple et de combler sa femme, quand bien même, au départ, c’est un désir physique surtout qui l’a poussé vers elle.

Commentaire

Il est important d’enseigner la notion d’hypersexualité qui est une dépendance à la sexualité au delà de la normale. Préférer assouvir ses pulsions avec sa femme c’est une bonne idée, à condition que celle-ci ne se sente pas objectivée et culpabilisée si elle préfère s’abstenir. 

Nourriture et les relations maritales sont semblables

Il y a certains déséquilibres physiques, comme la faiblesse ou la maladie, qui exigent ponctuellement plus de nourriture; et il y a certains moments, comme lorsqu’une épouse désire plus d’intimité, ou lorsqu’il s’agit de préserver son mari, où il est important d’être à l’écoute de ce désir. Ces deux motivations supplémentaires sont loin d’être des outsiders: elles sont au contraire comparable à de la nourriture que l’on ajoute au malade afin de hâter sa guérison.

2) L’initiative de la femme

Un comportement actif

Le désir de la femme alimente celui de l’homme. Nous venons de voir que le comportement actif de la femme et son désir pour son mari sont le fondement de la relation de couple.

Pour autant, il est indispensable de nourrir le désir. Les liens du mariage sont plus forts, différents de ceux qui unissent frères et sœurs ou même que celui des parents pour leurs enfants; contrairement aux précédents, les liens d’amour entre mari et femme s’étiolent s’ils ne sont pas entretenus.

Mari et femme doivent investir leurs émotions les plus profondes et toutes leurs forces pour développer l’amour et le désir. Sans ce renouvellement crucial, et véritable cure de jouvence, l’amour du couple s’affaiblit… puis meurt.

Être attentive à son bien-être

Or, ce qui nourrit l’amour et le désir dépend de la faculté, de la clarté avec laquelle une femme montrera son amour à son mari; il est fondamental qu’une femme montre à son mari l’importance que son bien-être a pour elle.

Cette impulsion qui naît tout d’abord de la femme, est décrit par le Cantique des Cantiques ainsi: « Qu’il m’embrasse des baisers de sa bouche; ton amour est meilleur que le vin« . (Chir Hachirim 1:2)

Chagal cantique des cantiques

Chir Hachirim de Chagal

Ce n’est que plus loin que le texte décrit son amour à lui pour elle en réponse: « Je suis à mon bien aimé et vers moi se porte son attention ». (Chir Hachirim 5:11) ce qui signifie: c’est parce que je suis à mon bien aimé que son désir se porte sur moi.

Pour nos Sages « une femme trouve grâce aux yeux de son mari » (Sota 47a) dépend de son désir à elle pour lui, comme il est écrit: « écoute fille d’Israël: oublie la nation d’où tu viens et la maison de ton père« (Téhilim 45:1). Ce qui signifie : à partir de maintenant, c’est la relation avec ton mari qui sera le centre de ta vie. Ce n’est qu’ensuite que « le Roi désira sa beauté ».

En résumé, c’est lorsque la femme sort de sa réserve, est à l’écoute de son désir, puis va vers son mari, exprimant clairement son élan vers lui, que son désir à lui s’éveille.

Pourquoi l’élan doit- il venir de la femme?

Parce que c’est dans la nature profonde de l’homme de désirer réellement sa femme lorsqu’il sent qu’elle lui appartient de manière exclusive. Bien que l’homme apprécie les qualités et la beauté de sa femme, son amour pour elle dépend de son amour et du désir ardent qu’elle a de lui !

Plus encore: s’il n’y a pas de certitude qu’elle lui appartient exclusivement et qu’elle ne désire que lui, il ne peut avoir d’amour stable pour elle. L’amour et l’affection d’une femme pour son époux sont les piliers de l’amour dans le couple.

On le voit, l’épouse est loin de n’être qu’un élément passif dans le couple. Au contraire c’est son action et son comportement à elle qui provoque l’amour toujours plus fort de son mari.

Avraham et Sarah : la relation de couple idéale

Le Maharal commente la relation entre Avraham et Sarah ainsi: « leur union était plus forte que celle de n’importe quel couple au monde« , comme il est écrit: « regarde vers ton père Avraham et vers ta mère Sarah qui t’a enfanté car Je les ai appelé « un », « parce qu’ils avait réalisé cette union parfaite ». (‘Hidouche Hagadot – Maba Matra 58a)

Nos Sages nous enseignent que l’amour véritable est le résultat d’efforts constants de la part de l’homme et de la femme.

L'idéal du couple : Abraham et Sarah
Rabbi Bana’a raconte qu’il a vu dans la Méarat ha Ma’hpéla, Avraham, allongé dans les bras de Sarah, et Sarah qui le regardait. Le Maharal explique que leur position à chacun exprimait ainsi leur attachement l’un à l’autre. C’est cela l’union complète et parfaite. (Baba Matra 58). C’est le type de lien qui unissait Sarah et d’Avraham qui réalise la perfection de l’union sous tous ses aspects.

Nécessité que la femme dévoile son désir passionné pour son mari

La douleur d’un homme

Sa femme le sert, mais il reste seul‘Hazal déduisent l’importance fondamentale d’une femme pour son mari du verset : « J’ai trouvé plus amer que la mort: une mauvaise femme » (Raba Yébamot 63b). Qu’est -ce que la Thora appelle une mauvaise femme? « Celle qui dresse la table pour son mari et la couvre de mets raffinés, mais qui lui tourne le dos et refuse de manger avec lui » (Yabamot 63b). Ainsi, une mauvaise femme est une femme qui n’aime pas, mais accomplît ses taches de ménagère. Elle accomplit toutes ses obligations, mais néglige la partie la plus importante du mariage: montrer son amour et son désir pour lui. [Elle se mure dans le silence] en lui tournant le dos, elle montre clairement qu’elle ne veut aucune relation avec lui.

Fusion des cœurs et des âmes

Le fait pour une épouse de communiquer à son mari l’amour qu’elle lui porte induit chez lui une volonté de la connaître, de la découvrir et crée un désir de fusion des cœurs et des âmes.

Montrer son amour

La réussite du mariage exige un travail constant des époux visant à révéler leur amour et à trouver l’un dans l’autre la source de leur joie. Aimer, mais ne pas le montrer ni l’exprimer est insuffisant. L’amour doit être démonstratif et se révéler par des paroles, des actions et une attitude appropriée.

C’est dans l’expression de son amour qu’une femme est vraiment considérée comme épouse, et il faut que cet amour et ce désir soient exprimés clairement! Par la parole et par le geste. Tout dépend donc d’elle.

L’enseignement tiré de l’histoire des mandragores de Léa

Exemple remarquable d’une union initiée par la femme

Lorsqu’elle révèle à son mari qu’elle le désire et qu’elle a besoin de lui, la femme confère à la relation sexuelle toute sa valeur. Nos Sages enseignent d’après Léa Imanou (Erouvim – 100, b Béréchit Rabba -72,5)

L’impact sur les enfants à naître

Chaque femme qui provoque l’union sexuelle aura des enfants du niveau de ceux de Moché Rabénou! Or, dans la génération de Moshé Rabénou, la Thora écrit: « prenez pour vous des hommes sages et capable de raisonnement » (Devarim 1, 13:5). Et: « je placerai à la tête des tribus des hommes sages et connus. Mais des hommes capables de raisonnement, ils n’ont pas trouvé« .

De Léa, la Thora écrit: « elle sortit pour l’accueillir », puis lui dit: « viens avec moi, car je t’ai acquis avec les mandragores de mon fils » (Béréchit 30:16). Cette nuit là, Léa donna naissance à Issa’har duquel descendent des Érudits de la Thora. Des hommes intelligents qui savaient trancher la loi, les chefs du Sanhédrin, et dont les frères étaient à la tête du peuple juif. (Divré Hayamim 11:33)

Issa’har fit partie de ces hommes « capable de raisonnement » que l’on ne pouvait pas même trouver du temps de Moshé Rabénou, ce que méritèrent le couple Léa- Yaacov après que Léa su lui montrer son désir.

Une façon de faire délicate

La Guemara enseigne que Léa ne s’est pas exprimée directement (Erouvim 100b), ni avec agressivité, mais qu’elle a agit de façon à éveiller l’amour de Yaacov pour elle. De quelle manière? Pour Rachi, il s’agit d’actes d’affection. Pour le Ra’vad « en s’habillant avec recherche pour attirer son regard et son désir » (Ba’alei hanéfèche – Chaar Hakedoucha)

Pour la Guemara, une femme doit éveiller le désir de son mari avec délicatesse, créant ainsi une relation profonde. Le Chita Mékoubetset ajoute lui aussi que des fils sages et intelligents naissent de l’amour et de l’amitié avec lesquelles les époux agissent l’un envers l’autre. (Nedarim 20b). Chaque union requière l’éveil de la tendresse et du désir de la femme.

La flamme de l’union pour rallumer la lumière du monde

Nos Sages expliquent: pour avoir éteint (en lui faisant mange de Ets hadaat) la lumière de Adam, dont l’âme est appelée la bougie de D.ieu, la femme doit allumer les bougies de Chabbat en rallumant la flamme de l’amour pour son mari. C’est le vendredi soir que la lumière est la plus intense: l’éveil de la passion du vendredi soir doit venir de la femme. Avec amour et déférence.

On tire un secret de ce verset: toutes les eaux du monde ne sauraient éteindre l’amour (Michlei 20: 27)

Léa a mérité l’amour de Yaacov en lui exprimant son désir de lui

Quand la femme sollicite son mari, l’union est parfaite. Yaacov revint des champs un soir, et Léa sortit afin de l’accueillir, en lui disant: « Viens avec moi, car je t’ai acquis par les mandragores de mon fils« . (Béréchit 30:16)

Yaacov changea d’avis

Or, Yaacov avait l’intention de se diriger vers la tente de Ra’hel – qui est appelée « l’épouse de Yaacov » (Béréchit 46:19). Mais Léa partit à sa rencontre et l’attira dans sa tente. Une question se pose: que s’est il passé qui a détourné Yaacov de son habitude de retrouver Léa? Car il est bien connu qu’il aimait Ra’hel plus que Léa (Béréchit 26:30).

On pourrait penser que devant la sollicitude de Léa, il s’est incliné, mais juste pour lui faire plaisir, comme si cela n’était pas de sa propre initiative. Or ce n’est pas ce qu’il s’est passé. Ce n’est pas « par gentillesse » qu’il a suivi Léa, c’est volontairement, avec un réel plaisir.

Yaacov est touché par l’initiative de Léa

La Thora commente: « cette nuit là, il s’allongea avec elle, lui » (ibid. 30:16). Les commentateurs expliquent ce « lui » supplémentaire: c’est de son propre chef que Yaacov vint auprès de Léa, quand il ressentit l’ardent désir que Léa avait pour lui et qu’il comprit ses intentions (Seforn). Le Or Ha’hayim confirme: « de son propre désir, de sa propre volonté. Cela vint de lui et non parce qu’elle fit pression sur lui ». (Malbim)

Léa désirait intensément s’unir à Yaacov, c’était ce pour quoi elle priait. Elle se disait: « maintenant, mon mari va m’aimer« . (ibid. 29, 32). Et en effet, elle devint la femme préférée de Yaacov la nuit ou Issa’har fut conçu. D’où lui vint ce mérite?

« Et Léa vint l’accueillir« . C’est ce qui a permis à Yaacov de prendre conscience de l’amour qu’elle avait pour lui. Elle pris l’initiative de l’union et lui exprima son désir et la joie qu’elle allait avoir d’être avec lui. Ainsi, elle créa une union parfaite.

Les récompenses de Léa

Il est écrit « il vint vers elle« , ce qui sous entend que son intention était d’avoir des enfants. Par ailleurs, le mot allongé (vayichkav) dans « allongé à côté d’elle », révèle une proximité et une intimité très particulières. Vayichkav n’est employé qu’une seule fois dans tout le Tana’h: ici. Même au sujet de Ra’hel qui est considérée comme une (« la »?) femme ayant été le plus aimée, cette expression n’est pas utilisée.

Cette expression signifie peut-être aussi que par son comportement, Léa eu le mérite d’être enterrée avec lui. C’est ce qu’indique l’expression  « allongé à côté d’elle ». (Berechit Rabba 72, 13 – Rachi, 30, 15)

Lorsqu’une femme désire s’unir à son mari, Dieu l’aide dans ses projets

La Guemara rapporte que Hachem aida Léa dans ses projets, comme il est dit: « Issa’har ‘hamor garem » ce qui signifie: c’est un âne qui fut la cause de sa conception (Nidda 31a). Comment cela? Quand Yaacov revint des champs, son âne se mit à braire. Léa l’entendit, s’en alla à la rencontre rencontre de Yaacov et l’appela. (Sefer Harou’h)

C’est un comportement particulièrement élevé et kadoche pour une femme d’exprimer son amour et son désir pour son mari, avant même qu’il en exprime l’intérêt. Car alors, elle déclenche et créé un amour intense et parfait de son mari pour elle.

Commentaire: Ce que l’esprit du judaïsme nous enseigne, c’est que les intentions, les pensées, les mouvements du cœur d’une femme font l’objet de toute l’attention divine. D.ieu a doté les femmes d’une faculté de savoir ce qui est bon pour leur couple. Elles ont souvent une intuition, une connaissance de la façon de le construire.

Afin que ce projet sacré puisse se réaliser (l’union puissante entre les époux), D.ieu bénit les femmes en les aidant. La Thora le rapporte, et les spécialistes du couple en témoignent tous: les femmes savent de façon innée comment il convient de renforcer le lien entre elles et leurs maris.

Il en est de même lorsqu’une femme veut commencer à aller au mikvé; de nombreuses femmes racontent comment une multitude de petites et grandes choses les ont aidé et poussé dans leur projet.

La rédemption viendra des femmes Justes (Sota 11, b)

Les coutumes des femmes juives en Égypte et le Kinor

Suivant l’exemple de Léa, en Égypte, les femmes renouvelèrent l’amour dans leur couple et maintinrent de cette façon les foyers juifs. Nos Sages rapportent: « et il confectionna les bassins avec les miroirs de la multitude ». Hachem dit à Moshé « accepte [les miroirs afin de les utiliser dans le Michkan] » car ils sont plus précieux à mes yeux que n’importe quoi d’autre, puisque c’est grâce à eux qu’une grande multitude est née en Égypte ».

Les miroirs des femmes en EgypteQuand les maris rentraient exténués de leur travail d’esclave, leurs femmes leur présentaient un repas et des boissons. Puis elle les invitaient à se regarder ensembles dans un miroir . Elles les attiraient en leur disant « Je suis plus belle que toi » (regarde moi), provoquant ainsi leur désir. Alors ils s’unissaient, les femmes devenaient enceintes et elles accouchaient là-bas. Comme il est écrit: « Sous le pommier je t’ai éveillé« . (Chir Hachirim 8:5)

De par leur rôle dans le Chalom Baït [malgré les difficultés de l’esclavage] ces miroirs prirent une place capitale dans la construction du Temple de Jérusalem. Ils furent utilisés pour la fabrication du Kior, bassin permettant de disculper une femme soupçonnée à tort d’adultère (Rachi Chémot 38:8). Ces bassins avaient donc pour fonction de rétablir le Chalom Baït. Ceci montrant à quel point les miroirs des femmes étaient chers aux yeux de D.ieu.

L’empathie et la ténacité des femmes

Les poissons péchés par les femmes des hébreux en Egypte

La Guemara relate elle aussi comment les femmes permirent aux hébreux de sortirent d’Égypte grâce au mérite d’avoir mis des enfants au monde malgré l’esclavage. (Rabbi Akiva). Lorsque les femmes juives allaient puiser de l’eau pour leurs maris, D.ieu faisaient entrer des poissons dans leurs filets. Elles installaient alors deux marmites, une remplie d’eau et l’autre contenant les poissons. Puis elles les apportaient jusque dans les champs, là où se trouvaient leurs maris.

Puis elles leur préparaient un bain, les enduisaient d’huile parfumée et s’unissaient à eux devant les clôtures de séparations des champs. Comme il est dit « lorsque tu t’allonges entre [dans] les champs« . (Téhilim 68:14)

Ainsi, les femmes prouvaient-elles leur désir et leur amour profond pour leurs époux. Elles savaient l’exprimer, malgré les difficultés de l’exil. Elles les distrayaient, leur faisant oublier leurs problèmes, elles enflammaient leurs coeurs afin de dévoiler leur amour pour elles, les attirant autant parce qu’elles se faisaient belles, que parce qu’elles s’occupaient de leur bien-être physique – bain et nourriture.

La maison juive fut ainsi perpétuée sur la base de couple qui exaltait leur amour malgré l’obscurité de l’esclavage.

C’est sur l’unité du couple qu’est fondée la liberté du peuple d’Israël

Le Maharal explique l’extraordinaire élévation spirituelle atteinte par les femmes en Égypte, et comment, ce fut véritablement leur comportement, qui fut la source de la rédemption:

Le passouk « par le mérite des femmes justes, nous avons étés libérés » fait allusion à quelque chose de fabuleux: le désir intense des femmes pour leurs maris eu pour conséquence de voir naître la génération qui allait être libérée d’Égypte. L’esclavage se rapporte au matériel (‘homer) tandis que la liberté (tsoura) fait référence à tout ce qui est spiritualité et émotions.

Lorsqu’une femme provoque le désir de son mari et qu’ils s’unissent, alors s’opère l’union du matériel et du spirituel. De fruit de cette union naissent des enfants dignes de la rédemption.

Une intime conviction de prendre part à une œuvre fondamentale

Le Talmud souligne également que « ils s’unissaient dans les champs » montrant que malgré les conditions extrêmement pénibles de l’esclavage, les femmes savaient provoquer l’intimité entre elles et leurs époux. D’après le Zohar, lorsque l’union véritable est présente entre les époux, alors s’opère l’union de l’aspect divin.

En effet, l’union est une donnée divine, contrairement à la séparation qui est matérielle (Guevourot Hachem 43). Il est évident que les femmes ont cette capacité de révéler cette fantastique unité avec leurs maris, par leur désir et leur ardeur pour eux. Et par leur mérite, de tels enfants ont une personnalité naturellement élevée vers le spirituel.

L’aide de D.ieu dans la démarche de la femme vers son mari

Dans plusieurs endroits du Tana’h est relaté la détermination des femmes à renforcer leur couple, et comment, D.ieu intervint à chaque fois pour les aider à réaliser leur projet.

=> Dans le cas de Léa, D.ieu fit braire l’âne de Yaacov alors que celui-ci rentrait au camps où se trouvait sa tente, (si bien que Léa pu aller à sa rencontre, puisqu’elle l’avait entendu arriver) (Séfèr Ha’hinou’h).

=> Dans le désert,  en même temps que la manne D.ieu envoyait des épices et des vêtements,  aux femmes, afin qu’elles soient belles et parées pour leurs maris (Yoma 75a). Rachi explique que les épices étaient ensuite pilées dans un mortier afin d’être utilisées comme parfums pour les femmes.

Le Midrash explique ce passouk des Théhilim (45:9) : »plus encore que des murs d’ivoire, je t’ai procuré de la joie« . L’ivoire dont il est question est celui des dents qui avait mâché la manne mangée par le peuple hébreu dans le désert. La joie, fait référence aux efforts faits par les femmes pour être belles et désirables durant les 40 ans passés dans le désert. (Chir Hachirim Rabba 4:9)

Siyata Dichmaya

Ces exemples démontrent bien l’importance que D.ieu accorde à la perfection de la Mitsva de Onah et qu’Il aide chaque femme dans sa démarche de plaire à son mari et de construire le foyer parfait. Il est impératif que les femmes fassent tout ce qui est en leur pouvoir afin de se faire apprécier et aimer de leurs maris.

Le Midrash remarque: « la raison pour laquelle les bijoux ont étés donnés aux femmes est de leur permettre de se parer pour leur mari, chez elles« . (Tan’houma Vayichla’h 5). Ainsi, le comportement attendu d’une femme est d’utiliser tous les moyens à sa disposition pour renforcer l’attachement de son mari pour elle.

Conclusion du Ohel Ra’hel

« Dans les chants ou dans les pleurs »

‘Hazal expliquent que le verset « Hachem a établit une demeure pour les célibataires, et fait sortir ses captifs pour leur bien-être » fait allusion à la façon dont un couple peut construire son au foyer: soit dans la joie, soit dans la douleur.

Que signifie « pour leur bien-être« / « bakocharote »? Ce mot est écrit avec les mêmes lettres (beth, kaf, chine, taf) que les mots « Bé’hi vé chirot« / « des cris et des chants de prières« .

Celui qui les veut (les bienfaits d’une union forte et intense dans le couple) chantera (chirot: chants) ; et celui qui ne les veut pas, pleurera (be’hi: pleurs) (Béréchit Rabba 68:4). Les bienfaits du foyer et des mitsvot qui s’y rapportent sont tels que le couple chante cette abondance de bonté qu’ils ont mérité par leurs efforts et l’investissement dans la relation. Malgré tout, ils ont le libre arbitre de faire fi des conseils de nos Sages, auquel cas, leur foyer se construira dans les pleurs.

Influence de la MO sur toutes les autre Mitsvot

Nos Sages enseignent: « Le salaire d’une Mitsva est la Mitsva elle même« . (Avot 4:2)

Si la façon dont leur foyer se construit enthousiasme un homme et une femme au point où il ait envie de chanter, alors la Mitsva de Onah sera un exemple pour toutes les autres mitsvot, et ils les accompliront toutes dans la joie et de bon cœur (Devarim 28:47). Et la vie s’attachera à leur foyer: « Les Mitsvot sont le plus formidable cadeau que Hachem nous ait offert afin de mériter la vie dans ce monde-ci et dans le monde futur » (Rambam Yéssodé Hathora 4:13).

Comme il est dit « Hachem nous à commandé d’observer ses statuts afin de Le craindre, pour notre seul bien, tous les jours de notre vie, afin que nous vivions« .

Un article de Malka Barneron © copyright 2005-2020
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