Tsiniout et Kedoucha

Ohel Ra’hel chap 6: L’obligation de Tsniout – Définition véritable de la Tsniout

La Kedoucha des relations conjugales ne peut se tenir que sur les bases de la Tsniout. C’est pourquoi, nos Sages ont dit: « sanctifie-toi au moment de la cohabitation » (Nidda 71, b). Rachi explique « cohabite avec Tsniout« . La nécessité absolue d’être Tsniout se comprend à la lumière de ce qui a été expliqué dans les chapitres précédents, et en particulier que la Kedoucha des relations maritales n’existe que si elles sont empreintes d’une intimité et d’une union absolues.

Obligation de discrétion

L’union du couple ne regarde personne et est leur domaine exclusivement. La relation sexuelle ne peut se faire que dans une ère privée. Lorsque la relation est exposée à l’extérieure, l’essence même de la relation ne peut être maintenue, et se transforme en un acte physique grossier et superficiel.

Le Maharal dit: « sans Kedoucha, il ne reste de la Mitsva de Onah qu’un acte vil. Mais si elle est pratiquée avec Tsniout, cela ne peut être considéré comme de la grossier puisque la Tsniout est quelque chose de kadoche« . Netsiv Hatsniout

Ne pas être vu par l’extérieur

Il est évident que le but de la Tsniout est de maintenir la Kedoucha du mariage. Mais la tsniout est un moyen et non le but de l’acte sexuel! Il ne s’agit pas de cacher quelque chose d’inconvenant ou de sale, il ne s’agit pas ici de la recommandation de couvrir certaines parties du corps comme lorsque l’on est en société par exemple.

Comme le dit le Yaavets: c’est précisément du fait de sa très grande Kedoucha, que la MO doit être faite avec Tsniout. (Siddour Beth Yaacov. Anhaga Leïla Chabbat 3, 1 p 158)

La sainteté ne peut se voir de l’extérieur

La Kedoucha de l’acte ne peut se révéler que dans une discrétion absolue; elle évolue dans le cadre exclusif du couple. Concrètement, s’il existe un risque d’être vu, le couple n’est plus concentré sur lui- même et alors, l’une des deux conditions permettant à la sainteté de s’exprimer [ne penser à rien d’autre et être concentré sur ce que l’on fait] est absente.

Commentaire : pour des personnes qui regarderaient les époux, ne serait visible que l’aspect extérieur de ce qu’il se passe. Le fonctionnement intime du couple, la spécificité de son lien connus de lui seul et qui assure la présence divine présente entre eux, ne leur seraient pas accessible. Ils ne verraient donc pas l’acte de façon complète, mais déformée, et c’est en cela que c’est interdit.

Chacun chez soi!

Il n’y a que dans le cadre du privé que peut s’épanouir l’intimité du couple, ce qui est impossible avec la présence de personnes extérieures. (De la même façon, il était interdit de pénétrer là où se trouvaient les Kerouvim)

Tsniout : dissimuler l’intimité

Rien de la vie maritale ne doit être dévoilée. Le Choul’hane Harou’h Yoré Déah dit: « une femme doit agir avec discrétion le soir de son Mikvé, afin qu’aucun homme ne soit au courant« . Siddour Beth Yaacov dit au sujet de celle qui n’agit pas ainsi des mots très graves, que la bénédiction ne peut se déverser sur elle, et qu’elle agit de façon pulsionnelle sans réfléchir.

En fin de compte, une relation qui n’est pas empreinte de Tsniout est réduite à un acte exclusivement physique et animal. Pour illustrer cela, le Yaabets ajoute: « ils cohabiteront avec Tsniout et leurs voix ne devra pas être entendue (des autres)« . (Siddour Beth Yaacov Hanagat Leïla Chabbat7 Choulia 2:8). De même, il est inapproprié de montrer son affection devant les autres. (Rema Even Haezer 21, 5).

Commentaire personnel

Les gestes de sensualité en particulier ne devront pas être faits devant autrui, car ils appartiennent au couple et sont son exclusive propriété. Il ne s’agit par pour autant de tomber dans l’excès inverse et de s’efforcer de maintenir un rigidité ostentatoire! De même qu’il n’y a aucune Mitsva et bienfait à montrer que l’on est en période de Nidah, de même il n’y a aucun intérêt à faire croire que le lien qui les unit est incolore inodore et transparent!

En particulier, on peut se demander si cela (montrer son amour, on ne parle bien sur pas de sensualité) est à appliqué devant les enfants, au moins jusqu’à ce qu’ils soient en âge de fonder leur propre couple.

Alors que j’intervenais dans une classe de seconde, et que je parlais de la tsniout en général, les élèves m’entraînèrent  à parler de ce qu’il se passe dans le couple. J’expliquais le fait que Dieu désirait le rapprochement des corps et que cela était kadoche, quand une des élèves s’exclama « de toute façon, mes parents, ils ne s’aiment pas ». Alors que je lui demandais ce qu’elle voulait dire par là, elle répondit qu’elle ne leur avait jamais vu de gestes de tendresse ni se regarder avec amour »…

Obligation d’avoir un espace privé, fermé

A qui doit-on penser?

De même que le couple devra cacher le moment de leur relation conjugale, de même, ils devront s’abstenir de penser à d’autres personnes, et uniquement se concentrer sur ce qu’ils font. La Hala’ha interdit les endroits découverts afin que leur relation ne ressemble en rien à un acte banal ou livré au regard extérieur, comme il en est du Znout. (Ora’h ‘Haim 240, 13) C’est pour cette raison que les invités d’un couple doivent absolument disposer d’une chambre privée (Ora’h ‘Haim 240, 13 et Elyahou Rabba)

S’il y a quelqu’un d’éveillé dans la chambre et qui pourrait comprendre ce qu’il se passe, la Mitsva de Onah est interdite. Une personne qui prend garde à éviter la présence d’un bébé (qui ne parle pas encore) ou un animal fait montre d’une grande Tsidkout car cela empêche le couple de se concentrer sur ce qu’ils sont en train de faire. (Sefer Ha ‘hassidim 1:115)

Seuls, complètement

C’est seulement lorsqu’il se déroule dans un espace privé, que l’acte sexuel ne se cantonne pas à un acte physique et que la Kedoucha de l’union des corps et des âmes est maintenue. Le Tour ajoute: « il devra se comporter avec Tsniout au moment de la Mitsva de Onah et ne pas être vu« . (Ora’h ‘Haim 240)

Parler du désir

Suggerer plus qu'exprimer« Il te dominera » (Genèse – 3, 16) signifie que chez une femme, le désir se crée à partir du coeur, alors que chez l’homme, cela commence par la parole. Ceci (la capacité de la femme à solliciter son mari) est un trait de caractère féminin appréciable. (Erouvim 100b) et témoigne de la façon dont la femme intériorise la relation. Elle suggère son désir plus qu’elle ne le verbalise.

Certains avis par le passé recommandaient très fermement aux femmes de ne pas s’exprimer en termes explicites comme le Rambam (Ichout 15, 18 Q) pour qui « une femme ne sollicitera pas la relation maritale explicitement« . Cela « diminue la Kedoucha qui règne sur le couple et développe chez les enfants une tendance à l’effronterie; à ce titre, ce comportement pourrait faire partie des 9 Midot interdites.

Commentaire: il me semble que ces recommandations parlent plutôt ne pas utiliser des mots « arrogants, agressifs ou vulgaires », des mots sans désir d’union ou sans amour, et qu’il convient de prendre en compte les différentes époques, notamment la place de la femme dans la société, autant que les différences de sensibilités de leurs époux.

Le Rav Dreyfus, lors d’une journée de formation des Madré’hat kala, témoigne: au vu des immenses et profondes difficultés des couples, ces 20 dernières années, et la médiocrité des relations sexuelles et en quantité et en qualité, et particulièrement du fait que la femme reste beaucoup trop réservée, ce qui incite l’homme à s’éloigner d’elle, il convient d’enseigner cette partie-là avec la plus grande prudence.

Il insista sur le fait que les femmes doivent être particulièrement attentives au désir de leur époux, de faire plus souvent le premier pas, ce qui aux yeux des hommes est très demandé et renforce le désir et l’amour dans le couple.

Un article de Malka Barneron © copyright 2005-2020
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