Plaisir et désir dans le judaïsme
Ohel Ra’hel chap 5: Union des corps et des âmes
Répercussion sur la personnalité des enfants
On a vu dans le précédent chapitre que c’est par la Mitsva de Onah qu’un couple devient une âme et un corps unique. Ce niveau élevé et complet va encourager la création d’un enfant raffiné et idéal. Comme le dit le Zohar: « quand l’homme et la femme s’unissent, ils sont comme un corps unique. Et étant un âme et un corps unique, ils sont appelés « individu » (Adam). C’est alors que le Saint Béni soit-Il vient demeurer dans ce corps uni et y place une âme sainte« . (Vayikra 81, b)
Rambam insiste sur les répercussions de l’amour entre l’homme et sa femme sur les enfants à naître. « Il doit rapprocher son cœur avec des mots persuasifs, avec sa permission, désir, et amour; alors, cet amour si fort qui va se créer entre eux deux au moment de leur union donnera naissance à un être fort, intelligent et raffiné » (Igueret Hakodesh chapitre 6).
De même, le Ya’bets rappelle que « c’est de l’amour qu’ils se portent l’un pour l’autre au moment de la relation sexuelle, que dépendra l’intelligence de l’enfant à naître« . (Siddour Beit Yaacov. Hanagat Leïla Chabbat 6:159).
C’est lorsque l’amour véritable et l’élan des coeurs se traduit et s’expriment par l’élan des corps, que l’enfant qui naîtra sera parfait. Ce que confirme le Séfer ‘Hassidim (chapitre 362): « quand le désir est très grand, les enfants seront des Tsadikim« .
Si l’on y réfléchit bien, la force et la puissance de l’union des corps implique obligatoirement l’union des âmes de l’homme et de sa femme. Par extension, l’unité des corps participe à l’équilibre du foyer, comme il est dit: « il s’attachera à sa femme et ils formeront une seule chaire« . (Béréchit 2, 24)
Le besoin d’actions qui éveillent l’amour
De même que la Mitsva de Onègue Chabbat et de Sim’hat Yom Tov s’accomplit par des réalisations physiques, de même, la seule manière d’être une seule chaire ne peut se réaliser que par la Mitsva de Onah. On inclue dans la Mitsva de Onah, toute action qui a pour effet d’augmenter l’amour et qui permet aux époux de réaliser l’unité du couple. (Nos sages disent: va tafe’h Ha aviona. Kohelet 12:5. Cela fait référence au désir qui apporte le Chalom dans le couple. (Kohelet Rabba 12, 5).
Nous avons vu dans une autre rubrique ces petites choses qu’il est vital de savoir pour induire une ambiance agréable et éliminer ce qui peut repousser l’un des conjoints.
Le plaisir d’une femme l’attache à son mari
En effet, les actes physiques existent nécessairement pour exprimer et renforcer l’amour, accomplir une Mitsva et réaliser l’unité du couple. Il est donc évident que le plaisir est un élément nécessaire à la construction du couple, et qu’il constitue une part entière de la Mitsva. Ainsi que l’explique Rachi: « tant qu’une femme n’a pas de plaisir, elle ne peut s’attacher à son mari« . (Sanhédrin 58 a). En d’autres termes, la Mitsva « il s’attachera à sa femme » ne se réalise que si le plaisir existe. Et le Tosfot Haroche écrit à propos de nos Imaot: elles eurent des relations sexuelles dans l’intention d’en retirer du plaisir. (Béréchit 30:15)
La démarche de Léa
Léa et Ra’hel voulurent toutes les 2 les mandragores de Réouven, afin de mériter de donner naissance aux tribus.
Commentaire: Le plaisir engendrant la Tsidkout des enfants, il devenait alors certain que les 12 tributs sortiraient de cette union puisqu’elles y trouvèrent du plaisir 1) les mandragores sont un aphrodisiaque. 2) le plaisir assure la conception d’enfants parfaits.
Le Rambam explique: « il est possible qu’elle désira ces mandragore afin de parfumer le lit conjugal, afin d’honorer Yaacov, parce que c’est ainsi que font les femmes. Comme il est écrit : j’ai parfumé mon lit avec des myrrhes, des aloès et des cinnamome« . (Michne 7, 17v)
Et d’aucuns disent que les doudaim sont des herbes qui augmentent le plaisir. Le nom lui même de doudaim vient du mot dodim: aimés.
L’importance des mots qui éveillent
Interrogé sur la meilleure manière d’établir les préliminaires, le Rambam (Déot 5:4) dit: « il devra lui parler, la faire rire un peu, de façon à la détendre« .
Nos Sages ajoutent: « celui qui veut des garçons qui soient des Bnéi Thora, devra scruter ses actions et séduire son épouse avant l’acte sexuel. Il est évident que tout ce qui enflamme les sentiments et la joie est Kadoche » (Messe’het Kalla), aussi longtemps que ce n’est pas obscène.
A partir du moment où ils ont commencé l’intimité conjugale, il est interdit de parler d’autre chose que d’amour. La raison est que les discussions à ce moment-là peuvent les distraire et donc affaiblir leur joie. Il est par ailleurs fondamental pour l’homme de ne pas penser à une autre femme, et la femme à un autre homme, cela le principe des 9 Midot qui commente l’état d’esprit de sainteté durant l’acte sexuel décrites dans les chapitres précédents. (Chita Mékoubetset – Nedarim 20b – Chaar hakedoucha La Raavad).
D’après le Tour: « Il parlera avec elle de façon à éveiller son désir à lui (certains disent son désir à elle). (Ora’h ‘Haim 240 – Pricha 20) La Guemara rapporte le cas de rabbi Eliezer qui agissait de cette façon expliquant que c’est la raison pour laquelle ses enfants étaient si beaux. (Nedarim 20b)
En résumé, La Mitsva de Onah exige des 2 conjoints qu’ils réalisent une union totale au moyen de paroles et d’actes qui éveillent les âmes et les corps à l’amour et l’unification. La joie associée à l’intention d’accomplir une Mitsva, engagent sur le chemin de la Kedoucha à la fois les parents et des enfants.