Désir, Passion et Kedoucha
Ohel Ra’hel chap 4: La relation sexuelle est la source même de la Kedoucha. État d’esprit dans lequel doit se développer l’intimité conjugale
Les chapitres précédents ont développés le terme de la Kedoucha dans le couple et pourquoi elle nécessite que le couple développe l’amour, la joie et une disposition d’esprit positive et dynamique vis à vis de la sexualité.
Une question d’ambiance
Nos Sages expliquent: « Si la relation conjugale ne se fait part avec un très grand désir charnel, amour et volonté pleine et entière d’y prendre une part active, la Ché’hina [présence divine] ne réside pas sur eux » (Iguéret Hakodèche – Léha Ramban Chap 6). Il ne devra pas avoir de relation avec elle si elle s’y refuse, il devra donc éveiller son désir en lui parlant avec des paroles douces, avec bonne humeur et joie. (Rambam. Ichout – 15:17)
En d’autres termes, D.ieu a placé le désir charnel dans la nature de l’être humain, et il convient à l’homme d’éveiller celui de sa femme grâce à sa volonté de créer une relation forte et vive entre lui et elle, et par la connaissance de la psychologie féminine. C’est lorsque l’amour et la joie sont à leur maximum que le couple est appelé « création parfaite », qu’il réalise l’unification de leurs êtres et que cette perfection va se transmettre à leur descendance.
États d’esprit contre productifs
De même qu’un certain état d’esprit est requis pour développer l’amour, de même, certains comportements éloignent les époux l’un de l’autre ainsi que la présence divine: « aucun des deux ne sera chikor [saoul], ni indolent, ni triste Ils devront au contraire veiller à ce que s’exprime totalement leur désir à tous les deux ainsi que leur joie » (Rambam Déot – 5:4)
C’est à ce propose que nos Sages (Nida.17) racontent comment le Roi Mounbaz avait l’habitude de faire attention à 3 choses pour lesquelles lui sont faites des louanges. L’une d’entre elles était de faire très attention de ne pas s’unir à sa femme si l’un des deux était ensommeillé.
Rachi précise: on appelle « oness china » le fait de ne pas être tout à fait éveillé, faisant de l’acte sexuel un acte mécanique. Ou bien encore le fait pour une femme d’avoir du mal à se décider, changeant d’avis, disant oui, puis non, puis encore oui, etc. ». Ces cas-ci font partie des 9 états d’esprits pendant lesquels il est interdit aux époux de s’unir. (Nédarim 20)
Les 9 états d’esprits (Midot) prohibés
Le Ra avad écrit, au sujet des comportements durant lesquels l’acte sexuel est interdit: « certaines pensées peuvent abîmer la relation. Elles transforment le Bien en Toum’a« .
Lorsque la joie, la bonne volonté et l’amour sont absents
Ces états d’esprits empêchent le couple de se construire, ils empêchent l’amour et la joie d’émerger. Le Tour, dans le Ora’h ‘Hayim, a des mots très durs pour décrire un acte qui se déroule sans joie ni amour (comme par exemple lorsqu’ils se sont disputés): cet acte là est tout simplement appelé Znout (prostitution).
Obligation d’en faire un acte conscient et volontaire
Prenons le cas où l’un de deux est saoul : l’acte se réalise sans intention [conscience] ni amour puisqu’ils ne savent pas ce qu’ils sont en train de faire (Nédarim – 20b). De même lorsqu’une femme n’a pas envie d’intimité à ce moment là, ou bien quand ses émotions ne sont pas claires et qu’elle change d’avis (« je veux, je veux pas ») en vérité, c’est tout cela les moments ou l’acte sexuel est interdit (Tour).
Interdiction de « Lé chem chamayim » dans cette Mitsva
Ceux qui ont une relation intime dans le cadre de ces 9 Midot, quand bien même ils l’accomplissement « Lé chèm Mitsva », ou bien encore avec l’intention de Pérou ou Révou, mettre des enfants au monde, nos Sages (Nédarim – 20b) préviennent: « les époux qui s’unissent avec cette intention là sont appelés des « rebelles » et des « criminels ». De plus, ajoute Rambam, « les enfants qui seront conçus de cette union ne seront pas raffinés et on comptera plus d’insolents parmi eux ». D’autres encore seront rebelles et mal élevés. » (Issourei Bia 21:12, Tour, Beit Yossef, Ora’h ‘Hayim 240)
Commentaire personnel : Il est évident que cela n’est pas à prendre comme une certitude que cela va arriver, mais évidemment comme une éventualité. Sinon, on ne trouverait pas aussi des rebelles dans les familles qui font particulièrement attention à ces recommandations. Ici encore, en tant que thérapeute et madréha pour la préparation au mariage, je confirme que ces psoukim ne devraient pas être enseignés.
Une union qui devait être basée sur l’amour
Une union qui devait être basée sur l’amour devient humiliation et mépris. Pourquoi ces interdictions? C’est que sans la volonté pleine et entière de prendre une part active à l’acte sexuel, et vitalisée par un amour profond, les relations sexuelles sont transformées en leur contraire… Et là où il devait y avoir désir physique, il n’y a plus qu’un acte d’humiliation et de soumission de l’un par rapport à l’autre.
Et ce corps qui devait devenir le ciment du couple, l’unir profondément, devient, faute d’amour, méprisé. Dans ce cas, les mauvaises Midot se fixent dans l’esprit des parents et de leur descendance.
Bien sûr, il est entre les mains des enfants d’améliorer la situation, car il n’est pas d’être humain qui ne puisse révoquer ce qu’il reçoit à la naissance: « qui sera Tsadik et qui sera Racha, rien n’est scellé » (Nida 1)
Éloignement des 9 états d’esprit
Conséquences sur le comportement des enfants
La Kédoucha d’Israël dépend de tout cela: que les générations soient engendrées dans le cadre d’une intimité profonde créée par les parents, et non dans celui des 9 Midot interdites. Nos Sages expliquent qu’il manquera à ces enfants quelque chose d’essentiel. (Récanti Taaméi haMitsvot 235 & Rokéa’h al Hathora – Le’h lé’ha)
Ces explications découlent de la décision d’Avraham Avinou d’engager sa descendance, après lui, dans l’alliance avec D.ieu : car l’essentiel de l’alliance contractée entre Avraham et D.ieu fut établi à cette condition (veiller à ce que la sexualité se déroule dans le cadre que nous avons décrit plus haut): « J’ai instauré une alliance avec toi afin d’être D.ieu, pour toi et pour ta descendance« . Nos Sages expliquent dans Rokéa’h que cela signifie « et tu devras donc veiller aux 9 Midot« .
Il est écrit « Sanctifiez-vous au moment du tachmiche (acte sexuel) » (chavouot 18b). ‘Hazal expliquent: « faites très attention à vous éloigner des 9 Midot, car elles sont le contraire absolu de la Kédoucha du mariage. (Zohar 53)
Qu’entend-on par Zénout
La Guemara et les Mefarchim donnent une définition très précise du mot « Zenout »: tout acte sexuel fait sans amour. C’est de là que l’on apprend la différence entre la Kedoucha de l’intimité et la prostitution.
Dans le mariage, l’union repose sur’établissement d’un lien vrai, grâce auquel les deux partenaires deviennent « un seul corps et une seule âme » et au dessus desquels repose la Présence Divine. L’union qui ne se fait pas dans le cadre du mariage ne peut être empreinte de Kedoucha et est donc interdite, car elle ne s’accomplit pas dans un cadre d’unification. C’est à partir de ce principe qu’ont été établis toutes les relations interdites par les Richonim de la Thora. (Vayikra 18:16 – ‘Hinou’h Mitsva 190)
« Celui qui s’éloigne du Zenout est appelé Kadoche! » (Ramban). Une intimité profonde et complète est réalisée de cette façon là- c’est à dire lorsque l’on investit toutes ses forces à s’éloigner du Zenout- et qu’on les concentre dans la Kédoucha de l’intimité, en créant une union vraie.
Respecter notre nature humaine
Observer la nature
Nos Sages ont dit: si nous n’avions pas reçu la Thora de D.ieu, nous aurions appris la façon naturelle de nous comporter entre mari et femme en observant les animaux, et en particulier le coq qui rassure sa compagne avant l’acte lui-même (Irouvin). En d’autres termes, il s’occupe de tout ce qui, au début de la relation, développe l’amour et constitue les préliminaires. Ces propos de nos Sages indiquent bien l’idée que si ce qui mène à l’acte sexuel est digne, alors l’acte lui-même. l’est aussi bien entendu.
Mais dire que tout cela est bon ne suffit pas : il est nécessaire de l’utiliser, et c’est ce que Dieu veut, car sinon, pourquoi l’aurait Il créé?
Coutume de parler avant l’acte sexuel
De là vient la coutume et l’habitude des Bnot Israël de parler avec leur maris avant l’acte sexuel. Dans la nature, on peut observer que les animaux ont un comportement particulier au moment de la procréation.
Il ne suffit pas d’observer le comportement des animaux, et de comprendre que c’est ce que D.ieu a choisi d’ancrer dans la nature profonde des créatures, comme chez le coq. Nous devons tirer un enseignement pour les être humains. Il nous faut comprendre que la Mitsva de Perou ou Revou (croître et multiplier) sans une grande préparation, ni sans avoir véritablement choyé, caressé et éveillé le désir, ne peut se concevoir.
Se comporter selon la nature qu’Il nous a donné
En nous donnant en exemple le coq, nos Sages ont voulu nous enseigner qu’il ne faut pas accomplir l’acte conjugal pour la seule raison que c’est une Mitsva, comme on le fait des ‘Houkim [Lois qui nous sont demandé d’appliquer et qui n’ont pas de logique a priori, comme l’interdiction de manger du porc]. Il convient au contraire de nous comporter conformément à notre nature réelle, et de la laisser s’exprimer, dans le respect des forces positives qui sont en nous et qui réclament qu’on les utilise.
Une mitsva au même niveau que les Michpatim
L’intimité se fera de la même façon que l’on accomplit les Michpatim. L’homme a l’obligation de les accomplir naturellement et avec bonne volonté [lorsqu’il voudra les accomplir, que cela passe de façon nature et dans un état d’esprit de désir de connexion], comme il est écrit : « Agir de façon à faire justice [c’est à dire de façon juste et appropriée] voilà ce qui réjouit les Tsadikim (Justes) » Rambam.
La création de l’être humain dépend de la MdO
La Mitsva de « Perou et Revou » est, parmi les Michpatim, la seule dont dépend la naissance d’un être humain. Or, pour procréer, l’homme doit utiliser tous les dons et outils que Dieu lui a donné. Son désir de s’unir à sa femme, désir qui fait partie de sa nature profonde, est bon dans son essence, sinon, pourquoi Dieu l’aurait il crée?
Comme il est écrit: « La nature humaine que Hachem a crée est droite » (Koélet), ce qui signifie que le corps de l’homme et le désir pour l’union sexuelle font partie de la volonté divine, et il est totalement « anti-divin » de ne pas l’utiliser.
Obligation de se préparer à la Mitsva de Onah
Les bénéfices secondaires d’une grande intimité
Donc, on peut dire que la Kédoucha de l’intimité conjugale et la naissance d’enfants raffinés dépendent de l’union parentale réalisée « avec un désir et une joie intenses » (Rambam Déot 5:4). Ta’hless, comment s’y prendre? En nous gardant d’être fatigué ou de manquer de désir, ce qui est évité lorsque nous aménageons notre quotidien en réservant du temps pour nourrir la relation intime. Se donner le temps, permet aux émotions d’émerger et au désir d’atteindre la plus grande amplitude.
Donner le meilleur de soi
Il est vital que les deux conjoints prennent à coeur l’éveil de leur émotions et de leurs corps, l’épanouissement de leur couple et donnent le meilleur de leurs forces spirituelles et physiques à la relation sexuelle; cela aura un effet positif sur toutes les Mitsvot de la Thora.
Le Ben Ich ‘Haï écrit: c’est justement parce qu’il veut faire la volonté de son créateur, que l’homme doit accomplir la Mitsva de Ona avec passion et désir intense et de tout son coeur (Thora Lichma Ora’h ‘Hayim 72).
L’éveil du corps et de l’âme
La façon idéale de réaliser l’acte sexuel est d’y investir toutes ses forces: spirituelle, émotionnelle et physiques et de créer ensemble une énergie puissante de joie, de passion charnelle et d’amour. Mais s’ils n’ont pas veillé tout particulièrement à développer et faire se rencontrer leurs sentiments l’un pour l’autre, s’ils se sentent faibles ou fatigués, au lieu d’éveiller leur amour, ils s’entourent de Toum’a, et leur relation porte l’empreinte d’un défaut.
L’éveil lors de la MdO engendre l’éveil de la crainte du Ciel
Grâce au fondement de cette Mitsva, grâce à l’amour et la joie, la Yrat Chamayim des conjoints sera plus élevée, leurs ambitions deviendront positives, ce qui aura pour effet d’influencer leur descendance; comme le dit le Rambam: « Lorsque, au moment de l’union, ils s’unissent avec l’intention de former une entité unique, alors, la Che’hina réside sur eux, et le fils qui en naîtra sera à la hauteur des pensées et intentions pures (désir, joie et amour), qu’ils auront eues. (Iguéret Hakodèche du Ramban).