Questions sur la Téchouva (retour au judaïsme)

Est-ce que j’appartiens au peuple juif?

La shoah a emporté la quasi totalité de mes ancêtres maternels, et les rares survivants ont perdu la émouna et abandonné toute pratique religieuse. Ma maman était une ancienne enfant cachée qui n’a donc rien reçu en termes de religion. Elle a épousé mon papa, non juif, et j’ai été éduqué sans aucune éducation dans la torah. Je suis marié civilement depuis 10 ans. Je ne précise pas si ma conjointe est juive car j’ai eu assez de critiques. Elles m’ont blessé car elles n’ont pas tenu compte de mon histoire. C’est pourquoi cela ne m’a pas donné envie de découvrir la foi de mes ancêtres. Ma question : en étant éloigné du judaïsme par ignorance, fais-je quand même partie du peuple juif ? Merci de m’avoir lu. Alain

Cher Alain. Je dis cher parce que vous l’êtes à tout point de vue et tout autant que ceux de votre prestigieuse lignée.

On est juif de deux façons

  1. quand la mère est juive
  2. quand on s’est converti
  3. avant le siècle, il suffisait qu’un des 2 parents soit juif pour être juif. Puis les rabbanim de la michna ont modifié la loi.

Selon le Talmud (Talmud de Babylone Sanhédrin 44a) : « s’il appartient à l’une de ces deux catégories, sa judéité est inaltérable, quand bien même il serait idolâtre, incroyant, hérétique ou apostat« .

Dans son article Shaye J. D. Cohen rappelle que la transmission par la matrilinéarité juive (origine de la transmission de la judéité par la mère) date du deuxième siècle après JC. Elle est une innovation introduite dans le droit juif par les Sages de la Michna, en rupture avec la loi biblique observée par les juifs à l’époque du Second Temple. Ainsi, avant le 2 ème siècle, la transmission se faisait par le père.

Selon la CCAR (Central Conference of American Rabbis, non reconnue par les tribunaux orthodoxes), est déclaré comme Juif toute personne dont au moins l’un des parents est Juif, pour autant qu’elle ait été élevée avec une identité juive et qu’elle s’engage dans une action appropriée de reconnaissance publique du judaïsme.

Quoi qu’il en soit, il n’y a pas de pourcentage de judéité, de juifs plus vrais que d’autres. On n’est pas juif à 20, 50 ou 100 % : on est juif ou on ne l’est pas.

Que faire quand on s’est éloigné du judaïsme

Cessez donc de vous culpabiliser ou de vous tourmenter. Venez participer aux fêtes et moments de la vie juive autant que vous le voulez, emmenez-y votre femme et vos enfants, et ne laissez personne vous destituer de votre âme juive ni du lien que vous ressentez au fond de vous. Il n’y a pas de ercher (tampon rabbinique) au paradis. Ceux qui l’affirment font aussi croire à leurs enfants que le bon D.ieu aime plus une partie de l’humanité que l’autre. Partez à la découvertes de vos racines et n’ayez jamais honte de vos branches : vous faites partie du grand arbre du peuple juif.

Et donc, pour répondre à votre question, bien sûr que vous êtes juif. Il est toujours temps de vous approprier votre judéité et d’apprendre votre héritage.

Le rav Ovadia Yossef a dit : « pas de perruque »

Pourquoi conseiller le port d’une perruque malgré l’interdiction formelle par le Rav Ovadia Yossef ? (écouter son intervention en bas de cette page)

Le rav Ovadia Yossef, bien que grand possek hala’ha reconnu, n’est pas le seul possek dans le monde.

1) Il est écrit qu’il y a 70 facettes à la Thorah.
2) Il n’y a pas d’être humain qui puisse toutes les appréhender. (Je ne suis pas sûre d’ailleurs que c’est ce que le rav souhaite ni s’il s’y intéresse bi’hlal).

Un couvre-chef plébiscité par la majorité

Le port de la perruque est admis par un nombre incalculable de grands rabanim, dont il serait temps que le monde séfarade se souviennent qu’ils existent. Le rav Ovadia Yossef n’engage que son nom, celui, certe, de la majorité des autorités rabbiniques séfarades, pas celui de la Thora.

Par ailleurs, et en ce qui concerne cette façon de répondre, je trouve très dommageable que qui que ce soit se permette d’introduire un doute, ne serait que la tête de l’épingle d’un jugement, sur les femmes qui portent la perruque ! Soyons déjà bien contents quand les femmes sont d’accord pour se couvrir la tête.

À force de diffuser des informations de la sorte, vous pourriez bien, cher Yossef, vous retrouver responsable de ce que des femmes cessent de se couvrir la tète, déçues et découragées. Alors que vous devriez courir leur offrir des fleurs en signe d’admiration pour leur courage (un casque en permanence sur le crâne n’a rien de facile et n’a rien de comparable avec la kipa) et leur Yrat Chamayim.

Séparer le tafel du ikar

(Faire la différence entre l’essentiel et le détail). Ce sont des textes comme ceux-là Yossef, qui séparent les communautés, le peuple et la nation israélienne de la rabanout. Je n’aimerai pas être à votre place et endosser l’immense responsabilité que cette tornade va déclencher dans les chaumières quand maris et femmes vont se crêper le chignon, ou entamer une procédure de divorce h »v (la Guemara le permet pour un plat brulé, kal va ‘homer pour un couvre-chef interdit).

Au lieu de s’occuper de ce que les femmes se mettent sur la tête, êtes-vous sûr qu’il n’y a pas plus urgent, ni surtout de plus constructif ? Machiah n’est pas près d’arriver, c’est moi qui vous le dis.

Depuis qu’il a fait téchouva, il renie sa fille

Mon cousin a eu une fille d’une femme non-juive avec qui il n’était pas marié. Il l’a reconnue à l’époque. Maintenant, devenu très religieux, il la renie, disant « parce qu’elle n’est pas juive, ce n’est qu’une erreur de jeunesse avec laquelle je n’ai plus rien à voir ». Sa mère et son frère,  juifs donc, sont extrêmement choqués, et je crains que ce dernier se détourne du judaïsme en réaction. Sa mère va très mal. Y a-t-il des textes qui traitent du sujet ? Il ne s’appuie que sur son rabbin. 

Ce que vous décrivez arrive parfois lorsqu’une personne change du jour au lendemain de mode de vie et de pensée. On constate cette fragilité dans toutes les religions, et chez nous aussi malheureusement. Ce qui aurait du être un retour aux sources et à la pratique du judaïsme,  s’embourbe dans un obscurantisme qui salit tous les pratiquants sur son passage. Les métamorphoses rapides détruisent souvent beaucoup de choses.

Il existe B »H des rabbins qui ont à cœur de guider aussi, pas seulement d’informer. Ici, il s’agit de contrôle plutôt que d’aider à trouver un cheminement où la personne sera libre et indépendante d’eux et de leurs systèmes de pensée. Heureusement, ils ne sont pas la majorité, loin de là.

Il me semble que le fils de votre ami a plutôt trouvé là une bonne occasion de se défaire de ses responsabilités. Disons les choses : il se sert du judaïsme pour valider sa lâcheté et tenter de s’en sortir à bon compte.

Vous demandez ce qu’en dit la Thora, et bien il va de soi que non seulement ce que fait cet homme est incroyable de médiocrité, mais qu’il enfreint le commandement de faire du bien autour de lui, d’être responsable de ses actes, et d’être compatissant devant la souffrance, etc. Je ne parle pas de la gravité d’abandonner cette enfant qui sera, de ce fait, reniée par son père, pire… Par un juif dont le rôle est d’être un exemple, un ben Adam, « être humain » digne de ce nom. Je ne parle même pas de la possibilité que séduite pas le judaïsme, cette enfant devienne une élite du peuple juif un jour.

Vous l’aurez compris, je comprends votre colère, votre indignation, votre douleur.

Je ne sais pas où en est votre cousin dans son cheminement personnel, ni si son Rabbin est plus un gourou qu’une référence rabbinique sérieuse et digne, mais il est clair que ses valeurs sont pour le moins douteuses. S’il ne veut pas s’investir au niveau affectif et éducatif et bien qu’il le fasse déjà au niveau financier, la loi française est là heureusement pour l’y contraindre et il ne faut pas avoir peur de l’utiliser.

Par contre, et c’est la conseillère familiale qui parle maintenant, je me demande ce que signifie dans votre histoire familiale « renier sa fille », et si votre cousin, ce faisant, ne renie pas autre chose (des valeurs de son père, de sa mère peut-être ?). Est-ce que ce déracinement volontaire se retrouve dans les choix de vie de votre famille, et si oui, pourquoi. Votre tante de son côté doit malgré tout renforcer en douceur la relation avec son fils. L’essentiel étant à mon avis de ne pas perdre le contact, surtout pas.

Du côté de la mère et de son fils, je conseillerais vivement qu’ils consultent afin d’être soutenus et accompagnés dans ce qu’ils traversent. N’hésitez pas vous-même à me contacter sur la chat-room du site.

Lire aussi l’article sur les conversions au christianisme

Comment convient-il de donner la charité?

Bonjour, que pensez-vous de cette affirmation trouvée sur Internet : “La grandeur du Créateur est révélée lorsqu’on donne la charité à une personne qui est réellement pauvre.” David 

Je ne développerai pas la première partie de cette phrase puisqu’il est entendu que le monde a été créé sur 3 fondements : Thora, Téfilah & Tsédaka. Je vais plutôt développer la 2ème partie : « lorsqu’on donne la charité à une personne qui est réellement pauvre« .

Je ne pense pas que la notion de justice-charité ne s’applique qu’aux gens pauvres. De même qu’être pauvre n’empêche pas la mitsva de rembourser ses dettes, payer le fisc et ses impôts.

J’ai entendu d’un de mes professeurs de séminaire que nous avons l’obligation de donner la Tsédaka, mais que nous devons le faire à qui le souhaitons. Que ce soit à des personnes réellement pauvres ou non.  Je pense qu’il faut faire attention aux petites phrases.

Un article de Malka Barneron © copyright 2005-2020
Pour consulter ou témoigner sur ce sujet

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