Couples non mariés devez-vous aller au mikvé ?
Pourquoi certains rabins autorisent et d’autres non?
A priori, la question de savoir si un couple qui n’est pas passé sous la ‘houpa peut ou non se tremper au mikvé semble provocatrice… Elle est au contraire tout ce qu’il y a de plus sensée! M’étant entretenue avec un dayan, je peux affirmer, avec son autorisation, que la seule précision est la suivante : avoir soumis cette question à une autorité orthodoxe afin d’être en règle avec la hala’ha. Le rabbinat exige donc que la dérogation soit donnée au cas par cas, peut-être, mais cela indique clairement que cela est autorisé (même si tous les couples n’obtiennent pas cette autorisation).
Hala’ha : signifie avancer, aller, et aussi reculer
A la demande de nombreuses personnes, je me décide à écrire sur ce sujet brûlant. La crainte des rabbanim qu’il soit être diffusé est grande, mais peut se comprendre. Je précise que j’ai obtenu la recommandation et l’encouragement de diffusion du Dayan Yaacov Habib du Beth Din de Jérusalem. Rav Dreyfus avait également confirmé cela lors de ces premières formations en France de Madre’hat Kalah il y a déjà presque 20 ans.
Entre le moment où j’écris cette rubrique (2010 et aujourd’hui, vous pourrez constater une augmentation des autorisations ou au contraire une forte diminution. Cela est dû à la fluctuation de la nature humaine qui concerne aussi nos rabbins, pris en étau entre la tenaille et l’enclume, déchirés entre désir d’ouverture et celui de protection.
Pour cette mitva, comme pour les interdis sexuels, j’ai pu constater personnellement et entendu de première main des rabbins reconnus donner une année des autorisations qu’ils s’empressent ensuite de supprimer quelques années plus tard. Ceci n’est pas un jugement mais une constatation qui nous concerne tous, c’est vrai dans tous les domaines, celui de la psychologie (mon domaine) comme celui de la Thora (je ne suis que madrehat nessoua). Aussi, ne vous étonnez pas si vous n’obtenez pas d’autorisation de vous tremper au mikvé ou au contraire si vous aller pouvoir réaliser cette mitsva, quand bien-même vous ne seriez pas mariés : les temps changent.
Le mikvé: socle et sainteté du peuple juif
Le peuple juif à dû, depuis des millénaires, faire face à l’assimilation, tragique à tous égards parce que menaçant son existence même. Le mariage juif est, a n’en pas douter, la clef contre l’assimilation, mais il n’est pas le seul.
Le mikvé, qui maintient la sainteté dans le couple et dans le peuple, est le commandement le plus sacré, plus encore que le respect de Kippour, plus encore que celui de chabbat ou de la cacherout. Il est écrit que construire un mikvé est la première chose qu’une communauté doit faire, avant les maisons d’étude, les synagogues ou les écoles.
Qui pratique le mikvé, et qui non?
Assimilation galopante
Où en sommes-nous de la pratique des lois de Nidah en général, et de celle du mikvé en particulier? En hausse dans les communauté religieuses et traditionalistes, en chute libre chez les couples ayant des relations sexuelles en dehors du mariage et qui ne veulent pas se marier pendant une certaine période ou pas du tout, qu’ils soient religieux ou non.
Or, une croyance non démentie dans le monde juif consiste à penser que le mikvé ne s’adresse qu’aux femmes mariées : c’est faux! Le compte des jours de règles, celui des 7 jours sans règles, la préparation au mikvé, la vérification et l’immersion (les 5 phases obligatoires permettant de faire un mikvé casher) n’est pas dépendante du mariage religieux.
L’interdiction de fond
L’interdiction n’est pas tant d’avoir des relations sexuelles hors mariage que d’avoir des relations avec une femme Nidah! Ainsi, il en découle qu’une femme doit aller au mikvé qu’elle soit mariée… ou non. Cette vérité est bien connue des rabbanim qui ont suffisamment étudié, mais elle ne l’est pas des Madréhot Kalah, préparatrice au mariage religieux, et encore moins de balaniot (surveillantes au mikvé) qui continuent à interdire l’accès au mikvé des femmes non mariées et de celle qui souhaitent s’immerger pour d’autres raisons que hala’hiques parfois de façon fort désagréable.
Une Mitsva non révélée, souvent empêchée, pourquoi?
Si cette permission (et recommandation) est si claire, pourquoi son existence n’est pas diffusée ? Parmi toutes les raisons, en voici quelques unes :
1) Parce que il y a ici une crainte que le mariage, qui se nomme Kidouchim, et que l’on pourrait traduire par « porte pour la sainteté et la force du couple », ne soit délaissé, et que son importance s’en trouve fortement diluée.
Crainte, frilosité ou manque d’initiative?
Cela est peut-être vrai pour certaines personnes qui de toute façon ne veulent pas d’engagement. Cependant, encourager le mikvé chez les couples non mariés à peu de chance d’éloigner ceux qui croient déjà dans la valeur du mariage en général, et dans la valeur du mariage religieux en particulier.
2) Parce que les personnes qui s’occupent des lois de Nidah, ne connaissent pas cet aspect des lois de Nidah.
3) Parce qu’elles considèrent que cette information n’est pas à diffuser, mais qu’elle se dit au cas par cas (la même attitude s’observe pour la diffusion des sources sur la sexualité dans le judaïsme). En défendant cette opinion, leur intention est certainement de préserver une certaine vision de « l’esprit de la Thora » et de préserver la (leur?) Thora. Et pourtant, cette approche empêche le plus grand nombre de bénéficier d’une information de la plus haute importance. Il me semble qu’il s’agit ici ni plus ni moins d’une rétention d’information coupable.
Et si la responsable du mikvé m’empêche d’entrer
Et de me tremper, que dois je faire? Je veux avant de répondre à cette question, rappeler combien les balaniot sont des femmes admirables et pour lesquelles la sainteté du peuple juif est une priorité absolue. Comme pour toute profession et spécialisation professionnelle, être balanit ne s’invente pas. Grâce à D.ieu, de nombreuses formations sont organisées dans le monde francophone afin de former les surveillantes des mikvés. Nous allons donc partir de cette certitude qu’elles sont toutes bien intentionnées.
Cependant, certaines ne sont pas tout à fait formées et, voulant défendre le mariage juif, elles pensent devoir refuser l’accès au mikvé des femmes non mariées. (Si cela vous arrive, contactez moi, je vous fournirai le nom d’un mikvé qui autorise la tévilah des femmes non mariées).
C’est une erreur, et une interdiction absolue. Il est de leur obligation de laisser se tremper toute femme qui le désire, avec l’obligation de ne jamais vérifier le compte effectué par la femme, la façon dont elle s’est préparer, kal va’homer si elle est mariée si celle-ci ne le demande pas (elle peut, bien sur, avec une infinie délicatesse le proposer, si elle connaît la femme et sait que celle-ci est ouverte à apprendre).
Je connais personnellement des femmes qui ont tout lâché après s’être vues refusé l’accès au mikvé. Qui veut prendre sur lui une telle responsabilité ?!
Si malgré vos (gentilles et respectueuses) protestations, la balanit continuait de vous barrer l’entrée au mikvé, demandez à appeler le rav responsable du mikvé, et si celui-ci ne le veut pas, le Dayan de la ville. Faites le, c’est votre droit absolu. Les balaniot sont là pour répondre à vos questions, cela fait partie de ce pourquoi elles sont payées. Dans tous les cas de figure, proposez de vous tremper sans faire de bénédiction, mais avec surveillance, cela devrait calmer les ardeurs.
Si malgré tout il y a refus, n’abdiquez pas, il en va de la pureté de votre couple et de votre désir de vous rapprocher du judaïsme, cette mitsva est aussi la votre!!
Concrètement que dois-je faire?
Rien de plus facile. Voici en ultra résumé ce que vous devez faire pour respecter les lois de Nidah. Bien sur, je vous invite à étudier les lois de nidah et du mikvé, à approfondir et vérifier vos connaissance, et à participer à des groupes d’étude et vous faire offrir, pourquoi pas, une formation sur le mikvé via skype avec moi. A tout moment, n’hésitez pas à me rejoindre sur la chat room pour me poser vos questions gratuitement, c’est le but de ce site que d’encourager la pratique du mikvé.
1) Repérez la fin de vos règles
Comptez 5 jours des règles minimum
2) Rinçage interne
A la fin du dernier jour des règles, rincez l’intérieur du vagin avec le pommeau de douche et à l’extérieur de la zone génitale.
3 ) Vérifier l’arrêt complet de saignement
Faites une vérification interne le jour où vous ne constatez plus ni écoulement ni grandes taches (quand vous voulez dans la journée mais avant la fin d’après midi) de la façon suivante:
a. Enroulez autour de votre index un tissus blanc propre, doux et fin, en coton, puis en posant un pied sur le rebord de la baignoire ou des toilettes, pénétrez l’index enroulé du tissus à l’intérieur du vagin, jusqu’au col de l’utérus.
b. Tourner dans un sens puis dans un autre. Retirer ensuite doucement le tissu
c. S’il est sans tache, refaites cette vérification le lendemain matin et comptez ce jour comme le 1er des 7 jours de vérification. Refaites une dernière vérification le 7ème jour (quand vous voulez dans la journée mais avant la fin d’après-midi).
4) Lavez-vous à fond
A la fin des 7 jours, prenez un bon bain en nettoyant toutes les parties du corps
5) Rendez-vous au mikvé!
N’oubliez pas de chercher où se trouve le mikvé le plus proche de chez vous et prendre rendez-vous!