Le développement personnel dans la tradition juive
De Hillel le Juste – Michna 14 des Maximes de nos Pères
Si je ne suis pas pour moi, qui le sera?
Et si je suis pour moi, qui suis-je?
Et si ce n’est pas maintenant, alors quand cela sera-t-il?
אם אין אני לי, מי לי; וכשאני לעצמי, מה אני; ואם לא עכשיו, אימתיי
Par ces 3 courtes questions, Hilel le Juste nous livre 3 principes
fondamentaux. Premièrement, il renvoie chacun d’entre nous
à ses responsabilités: que faisons-nous de notre vie? Sommes-nous à la recherche de qui nous sommes vraiment? Sommes-nous acteur? Exerçons-nous notre libre arbitre ou laissons nous cela à d’autres? Avons-nous déjà commencé ce travail de développement personnel?
Si je ne suis pas pour moi, qui le sera?
Qui est responsable de moi-même
C’est à dire, si je ne développe pas ma propre personnalité, si je ne m’en donne pas les moyens, qui le sera, qui le fera à ma place? Qui sera « moi »? Nul autre que moi-même ne peut révéler ce que je suis. Nous pouvons nous faire aider, prendre conseil, mais en aucun cas, quelqu’un d’autre ne peut ni ne doit, jamais, réfléchir et décider à notre place.
Devenir ce que je suis
Si je ne cherche pas ce qui est le mieux pour moi, ce qui me demande du temps et des efforts, se pourrait- il que quelqu’un le sache à ma place, comme par enchantement? Si je n’effectue pas de développement personnel, pour aller vers moi même, qui s’en occupera, et que deviendrai-je alors si je ne le fait pas? Suis-je en train de devenir ce que je suis? Ou est-ce que je me contente de mimer un mode de vie où je ne suis pas « moi ».
Le développement personnel- la recherche de mon être profond- dépend avant tout et exclusivement, de ma volonté et de mes efforts, de mon courage à aller à l’intérieur de soi-même, et mettre en place concrètement ce qui me fera avancer.
Et si je suis pour moi, qui suis-je?
Si je ne suis que pour moi, quel type d’individu suis-je donc? Une fois posé l’impératif de s’occuper de soi et de se réaliser pleinement, Hilel en pose aussitôt les limites.
Se soucier uniquement de soi
En tant que peuple ou en tant qu’individu, il n’y a pas d’avenir si le bien-être de l’autre n’a pas de place dans ma vie. Je ne peux pas être exclusivement pour moi-même et je dois m’occuper des autres.
Pourquoi? D’abord parce que pour que ma personnalité se révèle, et pour me libérer de mes défauts, je dois donner. Ensuite parce que, faisant partie d’un tout, je doit veiller sur ce tout. Je fais partie d’une communauté, d’un peuple, d’une nation, d’une planète, j’ai des obligations envers elle, chacun selon ses possibilités.
Donner c’est recevoir
En vérité, c’est lorsque je donne de mon temps et de mon énergie, quand j’œuvre pour les autres, c’est à moi-même que je donne, avant tout. Le judaïsme considère le don de soi comme un grand bienfait, c’est pourquoi nos Sages recommandent de remercier… celui que l’on a aidé!
Et si ce n’est pas maintenant, alors quand cela sera-t-il?
Hilel s’adresse ici d’abord aux jeunes gens. Il leur demande de ne pas perdre de temps, de penser avec sérieux à former leur esprit par l’étude et l’apprentissage d’un métier. La 3ème phrase de cette maxime parle du temps qui passe et de l’intérêt de bien l’utiliser. Ce que le jeune homme ou la jeune fille n’apprend pas maintenant, il l’apprendra plus difficilement plus tard.
Aux autres, Hilel conseille de ne pas différer ce qui peut être fait maintenant. Il suggère de ne pas tarder à partir à la recherche de soi-même et de s’invertir dans le bien-être d’autrui, car le bien que nous en tirerons, qui nous le donnera, si ce n’est nous-même? Et et le plus tôt sera le mieux?
Un peu d’humour: Le Lè’h Lé’ha de Raymond Devos